Paul Biya en visite officielle à Paris : état des lieux de la liberté de la presse au Cameroun

Alors que le chef de l'Etat camerounais s'entretient, le 24 juillet 2009, à Paris, avec le président de la République Nicolas Sarkozy, Reporters sans frontières établit un état des lieux de la liberté de la presse dans ce pays. L'organisation rappelle que plusieurs journalistes font l'objet de menaces ou ont été arrêtés et que l'un d'entre eux est actuellement emprisonné à Douala (Sud-Ouest). "La situation de la liberté de la presse au Cameroun s'est considérablement améliorée ces dernières années et la répression aveugle des journalistes appartient désormais au passé. Néanmoins, les journalistes restent trop souvent exposés aux excès de zèle des forces de l'ordre, aux règlements de compte entre hommes politiques, ou encore à la corruption des juges. Nous exhortons le président camerounais à prendre les mesures nécessaires afin de protéger durablement les professionnels des médias et appelons une nouvelle fois à la remise en liberté de Lewis Medjo", a déclaré Reporters sans frontières. Depuis le 26 septembre 2008, Lewis Medjo, directeur de publication de l’hebdomadaire La Détente Libre, est incarcéré à la prison centrale de Douala. Accusé de "propagation de fausses nouvelles" pour avoir publié un article sur une manœuvre présumée du chef de l'Etat pour contraindre le premier président de la Cour Suprême à prendre sa retraite anticipée, le journaliste a été condamné, le 7 janvier 2009, à trois ans de prison ferme, assortis d’une amende de deux millions de francs CFA (plus de 3 000 euros). Par ailleurs, le directeur de publication de l'hebdomadaire Le Jeune Observateur et correspondant de Reporters sans frontières au Cameroun, Jules Koum Koum, et son collaborateur Jacques Nkul, ont été priés de se présenter, le 20 juillet, au commissariat central n°2 de Douala. Jules Koum Koum a averti le procureur de la République de cette convocation abusive. Entre 2007 et 2009, une dizaine de journalistes ont fait l’objet de poursuites judiciaires liées à l’exercice de leur profession. Malgré le dynamisme affiché des médias camerounais, les journalistes du pays évoluent dans un environnement économique difficile et ne sont pas à l'abri des menaces. La censure a certes été abolie depuis une quinzaine d’années, mais le gouvernement maintient toujours dans le code pénal des articles qui répriment durement les délits de presse. La publication d’un article jugé diffamatoire peut valoir à son auteur ou au responsable de publication une peine pouvant aller jusqu'à plusieurs années d'emprisonnement.
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Updated on 20.01.2016