Ouzbékistan : un blogueur enquêtant sur la corruption condamné à plus de six ans de prison

Fondateur d’une chaîne YouTube, Otabek Sattoryi a été jugé coupable d’extorsion et de diffamation. Reporters sans frontières (RSF) dénonce des accusations falsifiées et demande à la justice ouzbèke d’annuler sa condamnation et de reconnaître son innocence.

Otabek Sattoryi avait sans doute pressenti son sort. Dans l’une de ses dernières vidéos, le fondateur de la chaîne Xalq Fikri (L’Opinion du peuple), condamné aujourd’hui à six ans et demi de prison, avait accusé les autorités locales de monter de toutes pièces des affaires pénales contre des blogueurs. Auteur d’enquêtes sur la corruption à Termez, dans le sud de l’Ouzbékistan, il a été jugé coupable de “diffamation” et d’“extorsion à grande échelle” (d’abord pour avoir soutiré un téléphone à un homme d’affaires, avant que d’autres accusations n’apparaissent, concernant notamment le transfert de deux appartements en échange de sa maison qui devait être démolie). 


“Cette sentence est infondée, dénonce la responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF, Jeanne Cavelier. Fabriquées de toutes pièces, les accusations dont fait l’objet Otabek Sattoryi témoignent d’une volonté d’étouffer les scandales de corruption locaux et d’intimider les voix critiques. RSF demande aux autorités la révision de cette condamnation et de libérer le blogueur sans délai et sans conditions.”


Arrêté le 29 janvier dernier, Otabek Sattoryi avait déjà écopé en février d’une amende de 9,8 millions de sums (environ 770 €) pour "calomnie" et "insulte". Signe de la fébrilité des autorités locales, des poursuites pénales ont été engagées contre deux journalistes du média indépendant Effect.uz au début du mois d’avril, après qu'ils se soient adressés au juge pour pouvoir assister au procès ouvert contre le blogueur. Elior Tadjibaev et Akbar Nouroumbetov ont été inculpés de “résistance à un représentant des autorités” et “ingérence dans l'enquête”. 


Un autre blogueur de Termez, Bekhrouz Nematov, a lui été kidnappé en plein jour le 2 avril par des inconnus, qui l’ont gardé pendant quatre heures et frappé avec une matraque, exigeant qu’il arrête de couvrir le procès d’Otabek Sattoryi.


L’Ouzbékistan qui a perdu une place au Classement 2021 de la liberté de la presse, est désormais 157e sur 180.

Publié le
Updated on 11.05.2021