Le bihebdomadaire Novaïa Gazeta est connu pour ses enquêtes qui mettent régulièrement à jour la corruption et l'autoritarisme de l'administration russe, et rapportent les problèmes les plus sensibles de la société russe. Critique vis-à-vis du pouvoir, le journal a publié les nombreux reportages d'Anna Politkovskaïa sur la Tchétchénie, et la société russe.
Le bihebdomadaire Novaïa Gazeta est connu pour ses enquêtes qui mettent régulièrement à jour la corruption et l'autoritarisme de l'administration russe, et rapportent les problèmes les plus sensibles de la société russe. Critique vis-à-vis du pouvoir, le journal a publié les nombreux reportages d'Anna Politkovskaïa sur la Tchétchénie, et la société russe. Pour le journal qu'elle avait rejoint en 1999, Anna Politkovskaïa avait également enquêté sur des cas d'agressions de journalistes et de censure.
Novaïa Gazeta a payé le prix fort en la matière, puisque deux autres collaborateurs du journal ont été tués : Igor Domnikov, journaliste, en 2000, et Iouri Chtchekotchikhine, rédacteur en chef et député à la Douma, en 2003.
Les fondateurs du « Nouveau Journal » se sont donné pour objectifs d'être indépendants et d'atteindre l'ensemble de la Russie. C'est le cas puisque Novaïa Gazeta est distribué dans tout le pays et son tirage est estimé à environ 500 000 exemplaires en tenant compte des éditions régionales. L'un des objectifs de la rédaction est de pouvoir passer à trois numéros par semaine au lieu des deux numéros actuels.
Novaïa Gazeta a été fondé en avril 1993, à l'initiative de journalistes démissionnaires de Komsomolskaïa Pravda. Il s'est doté d'une édition électronique en 1996 (http://novayagazeta.ru). Dans le paysage de la presse russe, constitué d'une majorité de titres publics servant de relais électoraux ou de presse de consommation, Novaïa Gazeta est l'un des fleurons de la presse d'information.
Journal privé, détenu à 51 % par le personnel du journal, Novaïa Gazeta a vu entrer en juin 2006 dans son capital, à hauteur de 49 %, deux personnalités politiques : l'ancien président de l'Union soviétique et initiateur de la politique de glasnost Mikhaïl Gorbatchev, et Alexandre Lebedev, homme d'affaires fortuné et député à la Douma.
Novaïa Gazeta mène aujourd'hui sa propre enquête sur l'assassinat d'Anna Politkovskaïa.
Une presse russe de plus en plus sous contrôle
Si la Russie ne peut être comparée aux régimes qui interdisent systématiquement les médias indépendants, la liberté de la presse est sérieusement menacée. D'une part, la société russe est confrontée à une dissémination de la violence qui touche les journalistes. Vingt et un d‘entre eux sont morts du fait de leur activité professionnelle depuis la première élection de Vladimir Poutine à la présidence de la Fédération de Russie en mars 2000. La grande majorité de ces affaires n'ont pas été élucidées, ce qui contribue au développement d'une impunité pour les meurtriers de journalistes. La récente vague d'assassinats de responsables publics, d'hommes d'affaires et de personnalités (assassinat du gouverneur de la Banque centrale, affaire Litvinenko, etc...) témoigne de ce climat de violence. En 2006, trois journalistes ont été tués : Ilia Zimine (NTV), Evguéni Guerassimenko (Saratovski Rasklad) et Anna Politkovskaïa (Novaïa Gazeta).
D'autre part, l'information souffre du manque de pluralisme, plus particulièrement dans le domaine audiovisuel. Les Russes qui s'informent avant tout par la télévision ne peuvent compter que sur deux chaînes fédérales contrôlées par le Kremlin : ORT et Rossia, présentes dans plus de 98 % des foyers. Les rachats de médias par Gazprom constituent également une source d'inquiétude, puisque le conglomérat gazier, extrêmement proche du pouvoir, serait devenu le premier groupe de presse du pays. Il a récemment annoncé son désir de racheter le quotidien le plus lu de Russie, Komsomolskaïa Pravda, qui totalise 2,1 millions de lecteurs. L'entreprise est déjà propriétaire de la première chaîne de télévision privée NTV, dont l'émission les « Koukli », équivalent des nos « Guignols», a disparu de l'écran après son rachat ; du quotidien les Izvestias et de la radio Echos de Moscou. En régions, la concentration des pouvoirs exerce une pression accrue sur la presse, et les journalistes y disposent de moins de ressources pour lutter contre cette situation.
En 2002 et 2003, les rédacteurs en chef successifs du journal Togliattinskoye Obosreniye ont été assassinés et en 2006, l'hebdomadaire Permsky Obozrevatel (L'Observateur de Perm), seul journal indépendant de la région de Perm (Oural) a été victime de persécutions de la part des autorités locales. La situation en Tchétchénie demeure dramatique, la république du Caucase est un véritable trou noir de l'information. La mort d ‘Anna Politkovskaïa vient encore aggraver ce triste constat, puisqu'elle était l'une des rares journalistes à couvrir avec une telle régularité le conflit en Tchétchénie et ses conséquences.
Les nominés 2006 dans la catégorie « Média» étaient:
1/ Democratic Voice of Burma, Birmanie
Fondée en 1992 par un groupe d'étudiants démocrates rescapés des massacres de 1988, la radio Democratic Voice of Burma, basée en Norvège, a lancé, en 2005, la première chaîne de télévision indépendante birmane. Bien que DVB TV n'émette que deux heures par semaine sur l'ensemble du territoire birman, elle dérange les généraux de Rangoon habitués à contrôler scrupuleusement les informations diffusées par les médias.
La radio, quant à elle, émet plus de deux heures par jour, en birman et dans sept langues de minorités ethniques. Elle représente l'une des rares sources d'information qui échappent à l'implacable censure préalable de la junte.
2/ Uthayan, Sri Lanka
Très populaire à Jaffna, le quotidien Uthayan maintient, depuis près de vingt ans, une ligne éditoriale relativement indépendante malgré la guerre qui sévit dans le nord du Sri Lanka. En 2006, au moins cinq employés du journal ont été tués, dont deux lors d'une attaque de la rédaction à la veille de la Journée internationale de la liberté de la presse. En septembre, l'imprimerie de l'édition diffusée à Colombo a été incendiée par des inconnus, tandis qu'à Jaffna, à deux reprises, des hommes armés ont imposé par la force la publication de communiqués.
Les milices tamoules progouvernementales, responsables de la plupart de ces attaques, profitent de l'absence de réaction de l'armée qui voit d'un mauvais oeil ce quotidien. Dans les années 1990, la rédaction avait été bombardée par les militaires.
3/ An-Nahar, Liban
Fondé le 4 août 1933, An-Nahar est le premier quotidien de langue arabe du Liban. Modéré et libéral, An-Nahar est considéré aujourd'hui comme un journal de référence, lu aussi bien par l'intelligentsia libanaise que par des étudiants et des chefs d'entreprises. Le récent conflit israélo-libanais, qui a touché de nombreux médias dans le pays et provoqué la mort d'une journaliste, a épargné An-Nahar. Mais le journal a subi des épreuves douloureuses en 2005, perdant à quelques mois d'intervalle son éditorialiste et son président. Samir Kassir, éditorialiste du quotidien pendant dix ans, est mort le 2 juin 2005, dans l'explosion de sa voiture.