Nouvelle contradictoire pour le journal Última Hora : si le journal voit sa suspension levée, son indépendance éditoriale risque d'être entamée

Reporters sans frontières accueille avec un soulagement mitigé la décision prise par le gouvernement de revenir sur la suspension du journal Última Hora, décision qui s'apparente davantage à un simple sursis. En effet, le 20 avril 2011, la ministre de la présidence du conseil des ministres, Maria Adiatu Djaló Nandigna, a lancé, lors d'une conférence de presse au palais du gouvernement, "un appel vibrant aux médias, et, en particulier au journal Última Hora, pour adapter leurs lignes éditoriales aux intérêts supérieurs" de la Guinée-Bissau. Elle a ajouté que le non-respect de ces consignes enjoindra "l'exécutif d'utiliser ses pouvoirs juridiques pour annuler définitivement les licences" des médias. Reporters sans frontières espère que ces injonctions ne resteront qu'à l'état de déclaration et n'auront pas de suite. Mais elles constituent déjà une forme d'intimidation dommageable à l'indépendance des rédactions et à la liberté de la presse. ------------- 19.04.2011 Le gouvernement menace de suspendre un journal accusé de "déformer l'image de la Guinée Bissau" Reporters sans frontières s'inquiète de la décision des autorités de Bissau, prise en Conseil des ministres et rendue publique le 15 avril 2011, de suspendre le journal Última Hora. Cette mesure fait suite à la publication, le 8 avril dernier, en Une de l'édition 125 du journal, d'un article intitulé "Nino Vieira, tué par les soldats sous le commandement d'Antonio Indjai", écrit d'après un rapport du Département d'Etat américain. Reporters sans frontières condamne les méthodes rétrogrades et les mesures liberticides mises en place par le Premier ministre Carlos Gomes Junior et la ministre de la présidence du Conseil des ministres Adiato Djaló Nandigna. Si le gouvernement bissau-guinéen pense protéger l'image du pays en suspendant des médias privés et en limitant la liberté d'expression, il fait fausse route. Au contraire, les autorités ont toutes les chances de s'attirer les critiques de la communauté internationale. Si le gouvernement estime devoir corriger le contenu d'un article d'Última Hora, il peut envoyer un droit de réponse plutôt que de suspendre le journal. Última Hora est accusé de "diffuser systématiquement, par ordonnance, des nouvelles censées avoir pour but de transmettre une image déformée de l'exécutif et de la Guinée Bissau", parce qu'il a attribué l'assassinat de l'ancien président Joao Bernardo "Nino" Vieira, tué en mars 2009, à l'actuel chef d'état-major des forces armées, Antonio Indjai, désigné par le Premier ministre Carlos Gomes Junior. L'article avait entraîné la colère du Conseil des ministres. Athizar Mendes Pereira, journaliste et actuel directeur de Última Hora, ancien collaborateur de Diario de Bissau, avait déjà été interpellé en 2008, en raison d'articles remettant en cause les forces militaires du pays. Plusieurs radios et médias ont déjà été mis sous silence pour les mêmes motifs. En 2002, la radio Bombolom FM avait été suspendue durant trois mois suite à une décision précipitée du ministre de la Communication de l'époque. Nous espérons que le gouvernement saura reconsidérer sa position, tout en mettant fin aux menaces contre les organes de la presse et les journalistes. Sans le respect du travail de ces derniers, la Guinée Bissau ne peut prétendre être un Etat de droit et une vraie démocratie.
Publié le
Updated on 16.10.2016