Londres : ouverture d’un “procès historique” contre le responsable d’une tentative d’assassinat sur un blogueur pakistanais en exil

Le procès du responsable présumé de la tentative d’assassinat menée contre le blogueur pakistanais Ahmad Waqass Goraya, résidant aux Pays-Bas, doit s’ouvrir le 12 janvier au palais de justice de Kingston, à Londres. Reporter sans frontières (RSF), qui suivra cette audience sur place, demande à la justice britannique de faire toute la lumière sur les ramifications de ce complot.

C’est un procès qui pourrait créer un précédent mondial dans la lutte contre l’impunité des crimes commis à l’encontre des journalistes en exil. Muhammad Gohir Khan doit comparaître, à compter de mercredi 12 janvier, devant la cour du palais de justice de Kingston, à Londres. Ce citoyen britannique d’origine pakistanaise est soupçonné, par le parquet de Londres, de “conspiration en vue de commettre un assassinat” à l’encontre du blogueur palkistanais Ahmad Waqass Goraya, résidant actuellement au Pays-Bas.  

 

Depuis bientôt un an, le journaliste doit se cacher dans un endroit secret et reclus, après que la police néerlandaise lui a fait part, le 12 février 2021, de sérieuses menaces pesant sur sa vie, ce dont il avait fait part à l’époque à RSF. Au même moment, selon l'accusation, Gohir Khan avait pris un train Londres-Amsterdam, puis loué une voiture pour effectuer des repérages près du domicile de Waqass Goraya, prétendument en vue de l’assassiner. 

 

Le suspect a finalement été arrêté en juin 2021 par Scotland Yard. Le 19 juillet 2021, Gohir Khan a comparu lors d’une audience préliminaire devant le tribunal pénal d'Old Bailey, au centre de la capitale britannique. Son procès, dont les audiences seront suivies sur place par RSF, est prévu pour durer deux semaines.


Portée historique

“Le procès de Muhammad Gohir Khan a clairement une portée historique, déclare le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard. Depuis le meurtre atroce du journaliste saoudien en exil Jamal Khashoggi par les services secrets de son pays, c’est la première fois que l’on peut sincèrement espérer que le commanditaire présumé du meurtre d’un journaliste en exil ait à payer pour ses actes.

 

“À ce titre, RSF appelle la cour à rechercher tous les individus qui pourraient être impliqués dans cette tentative d’assassinat. L’organisation espère que ce procès servira d’exemple, et permettra de faire la lumière sur les agissements des services secrets pakistanais visant à faire taire les voix des journalistes dissidents.”

 

Le 2 février 2020, comme RSF l’avait révélé, Ahmad Waqass Goraya avait déjà été agressé par deux hommes devant son domicile à Rotterdam. Le blogueur avait alors estimé que cette attaque “[correspondait] au modus operandi des agences d'espionnage pakistanaises”

 

C’est également à une “institution gouvernementale liée à l'armée”, pour reprendre ses termes, qu’est imputée son enlèvement et celui de quatre autres blogueurs, en janvier 2017, alors qu’il était de passage au Pakistan. Waqass Goraya avait alors été torturé pendant plusieurs semaines, afin de le faire taire.

 

Le Pakistan est classé à la 145e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF. 

 

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Note : le procès sera suivi par les représentants du bureau de RSF à Londres, notamment sur les comptes Twitter @rsf_inter et @rebecca_vincent. Pour toute demande concernant cette couverture, contacter Rebecca Vincent : [email protected].

Publié le
Mise à jour le 11.01.2022