Les autorités érythréennes accusées de crime contre l’humanité dans l’affaire Dawit Isaac

Une plainte a été déposée le 30 juin devant la justice suédoise contre le président érythréen et plusieurs de ses ministres pour « crime contre l'humanité », « torture » et « enlèvement » dans l'affaire du journaliste suédo-érythréen Dawit Isaac, détenu depuis septembre 2001.

Reporters sans frontières salue l’initiative des avocats, Jesús Alcalá, Percy Bratt et Prisca Orsonneau, responsable du Comité juridique de Reporters sans frontières, de déposer une plainte en Suède contre certains responsables politiques érythréens. Le président érythréen Issayas Afewerki, le ministre des Affaires étrangères, Osman Saleh, le ministre de la Justice, Fawzia Hashim, le ministre de la Défense, le Général Sebhat Ephrem, et un conseiller du président sont accusés de « crime contre l’humanité », « torture » et « disparition forcée » pour l’emprisonnement du journaliste Dawit Isaac. Le 3 mai 2014, Dawit Isaac a été nommé « héros de la liberté de l’information » par Reporters sans frontières. Les trois avocats de Dawit Isaac ont pu introduire cette plainte en vertu de la nouvelle loi de compétence universelle entrée en vigueur en Suède le 1er juillet 2014. Le dossier avait déjà été porté devant plusieurs juridictions notamment devant la Cour suprême érythréenne et la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples, malheureusement sans succès à ce jour. Le 23 juin 2014, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a envoyé un signal encourageant en demandant la création d’une commission spéciale d'enquête sur toutes les violations des droits de l'homme en Erythrée, présidée par Sheila Keetharuth. La rapporteuse spéciale pour les droits de l'homme en Érythrée, empêchée d’entrer dans le pays depuis sa nomination en 2012 devra présenter son rapport en juin 2015. "Le silence des démocraties occidentales sur l'Erythrée doit être rompu déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières. La position des autorité érythréennes qui, en avril 2014, ont réitéré devant le Conseil des droits de l'homme des Nations unies qu'il n'y avait pas de détention arbitraire en Erythrée et que personne n'y était incarcéré pour ses opinions ou ses critiques du gouvernement, est aujourd'hui intenable. Nous attendons des autorités suédoises qu'elles interpellent les responsables de ces exactions lors de leur venue en Suède afin qu'ils puissent enfin répondre de leurs actes devant la justice". Dawit Isaac a été arrêté à Asmara, le 23 septembre 2001, lors du tristement célèbre mardi noir, au cours duquel de nombreux opposants politiques et tous les journalistes indépendants ont été arrêtés et leurs journaux fermés. Il avait cofondé l’hebdomadaire Setit, média indépendant le plus lu d’Erythrée. Emprisonné depuis sans charges officielles, ni procès, et sans avoir accès à ses avocats, aux visites de sa famille ou de la Croix rouge, Dawit Isaac n'est malheureusement pas un cas isolé. Reporters sans frontières recense aujourd'hui 28 journalistes incarcérés dans les geôles érythréennes. Des 11 confrères arrêtés en même temps que Dawit Isaac, sept sont morts en détention. Il a été vu vivant pour la dernière fois en janvier 2010. L’Erythrée occupe pour la septième année consécutive la dernière place du Classement de la liberté de l’information établi par Reporters sans frontières. Plus d'information sur le cas de Dawit Isaac
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Updated on 20.01.2016