Les autorités afghanes doivent cesser les convocations illégales de journalistes

Reporters sans frontières (RSF) dénonce les convocations d’au moins six journalistes afghans par la Direction nationale de la sécurité (National Department of Security, NDS). Parmi lesquels Zaki Daryaie, le directeur du quotidien Etilaatroz (L'information du jour) et Javad Naji, journaliste actif sur les réseaux sociaux, qui ont été interrogés par les agents de la NDS en présence d'un haut responsable du Conseil de sécurité nationale, entre le 20 et le 22 août 2015.

Les journalistes convoqués sont soupçonnés de diriger anonymement la page Facebook Kaboul Taxi, qui, depuis le mois d'avril dernier, divulgue des renseignements sur les activités des dirigeants du pays, notamment les déplacements de certains ministres et conseillers à la sécurité nationale. Protestant contre l’illégalité de ces convocations, les journalistes en question ont nié les soupçons portés contre eux et nié toute responsabilité. Le 24 août 2015, à la suite d’une protestation des journalistes et des associations des journalistes afghans contre ces convocations, le Conseil de sécurité nationale s’est justifié dans un communiqué mettant en avant le “respect de la liberté d'information par l’État et l’engagement du gouvernement pour le droit à l’information” - sans même citer les convocations des journalistes relatives à la page Facebook. Dans le même communiqué, les autorités ont condamné la publication des informations sur les responsables politiques et surtout, les révélations sur les fonctionnaires du Conseil de sécurité nationale, considérées comme « secret d’État ». Selon la nouvelle loi sur les médias promulguée en 2012 par Hamid Karzaï, les plaintes contre les médias et les journalistes doivent être traitées par la Commission de vérification des médias avant d’être, le cas échéant, transmises à la justice. Or cette Commission n’a pas encore été instituée, en l’absence de l’élection des représentants des journalistes. En attendant, il revient au ministère de l’Information et de la Culture d’exercer cette fonction. Il est manifeste que le Conseil de sécurité nationale et la Direction nationale de la sécurité n’avaient pas le droit de convoquer directement des journalistes. “Nous demandons au président Mohammad Ashraf Ghani et au chef de l’exécutif, Abdullah Abdullah, de respecter le “pacte pour la protection des médias et des journalistes” qu’ils se sont engagés à appliquer, déclare Reza Moini, responsable du bureau Afghanistan de RSF. Ils doivent faire en sorte que les responsables sécuritaires du pays respectent cet engagement. Les autorités afghanes ne sauraient lutter contre “les rumeurs” sans respecter la loi. La loi sur l’accès à l’information, signée par le président Ashraf Ghani dès le lendemain de sa prise de fonctions en 2014, doit impérativement être appliquée, ce qui n’a malheureusement jamais été le cas.” L’Afghanistan se situe à la 122ème position du Classement mondial de la liberté de la presse 2015 établi par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016