Le journaliste Somsak Pakdeedech condamné en représailles à ses positions contre le coup d’Etat

Un tribunal militaire a condamné le 24 novembre 2014 le rédacteur en chef du site d’information Thai E-News, Somsak Pakdeedech, à une peine de neuf ans de prison. Arrêté par les militaires trois jours après le coup d'Etat du 22 mai 2014, le manager du site est victime d’une instrumentalisation politique du crime de lèse-majesté.

Réputé critique à l’encontre des militaires, Somsak Pakdeedech a été reconnu coupable de crime de lèse-majesté pour avoir publié un article - sans en être l’auteur - en 2011, violant ainsi le code pénal, selon lequel “quiconque diffame, insulte ou menace le roi, la reine, le prince héritier ou le régent sera puni de trois à quinze ans d’emprisonnement” (article 112 relatif aux offenses à la sécurité du royaume). Parce qu’il avait plaidé coupable quelques jours auparavant, Somsak Pakdeedech a vu sa peine réduite de moitié. L’article visé par la condamnation avait été écrit par un ancien professeur d’université à Bangkok, Gile Ji Ungpakorn, contraint de quitter la Thaïlande en février 2011 après avoir été lui-même poursuivi pour crime de lèse-majesté, suite à la publication de son livre “Un coup d’État pour les riches”. “Somsak Pakdeedech était déjà dans le collimateur des militaires avant leur coup d’Etat. Nous condamnons donc fermement ce verdict qui a été prononcé en représailles aux positions anti-militaristes du journaliste et de son site web, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. Nous exigeons sa remise en liberté immédiate." Thai E-News, qui agrège les informations politiques de diverses sources en ligne, a régulièrement été censuré par les autorités, en période de tensions politiques fortes. En juillet 2010, le site faisait partie des médias qualifiés de “pro-chemises rouges” et faisait l’objet d’un blocage, au même titre que les sites officiels du parti des chemises rouges, uddthailand.com. Actuellement, le site est à nouveau bloqué par le ministère des Technologies de l’Information et des Communications mais reste accessible depuis l’étranger. Depuis son arrivée au pouvoir le 22 mai dernier, la junte militaire semble vouloir contrôler de plus en plus les médias en ligne et les réseaux sociaux. Le 18 novembre dernier, Kathawut Boonpitak, présentateur d’une émission de web radio, a été condamné à une peine de cinq ans d’emprisonnement pour crime de lèse-majesté, une peine disproportionnée que dénonce également Reporters sans frontières. La Thaïlande se positionne à la 130e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016