Le gouvernement retire un volet législatif dangereux pour les journalistes : “le Congrès doit suivre rapidement”

Manifestations et protestations se sont succédé à Santiago pour réclamer l’abandon définitif de la “loi Hinzpeter”, du nom du ministre de l’Intérieur Rodrigo Hinzpeter, après que celui-ci a annoncé, le 18 janvier 2012, son intention de retirer une partie de son très polémique projet de législation. “Instruction a été donnée au Congrès de ne pas l’approuver”, nous a confirmé avec satisfaction Mauricio Weibel, président de l’Union sud-américaines des correspondants. Transmis par le gouvernement au Congrès le 1er octobre 2011, le texte, criminalisant l’expression publique dans le contexte des manifestations étudiantes, prévoyait “d’incorporer une nouvelle faculté pour les forces de l’ordre et de sécurité, afin qu’elles puissent solliciter la transmission volontaire d’enregistrements, films et autres supports électroniques qui peuvent servir pour accréditer l’existence de délits ou la participation à ceux-ci, sans ordre préalable du procureur”. “Avec la ‘loi Hinzpeter’ pesait le risque réel de voir les journalistes convertis en auxiliaire de police, contre les principes constitutionnels en matière de liberté d’expression et d’information. Si nous nous félicitons de l’annonce du retrait de cet aspect du texte, celui-ci n’en demeure pas moins entre les mains du Congrès. La période de vacances d’été reporte au mois de mars son examen – et espérons-le, son rejet - par la Chambre des députés puis le Sénat. Il y a urgence à en finir avec ce projet de loi inopportun et dangereux dans son ensemble”, a déclaré Reporters sans frontières qui souhaite un accueil favorable à la lettre aussitôt envoyée aux députés par le Collège des journalistes du Chili. Le retrait programmé de ce volet de la “loi Hinzpeter” constitue un symbole encourageant au terme d’une année difficile pour les journalistes chiliens et étrangers présents dans le pays, témoins souvent réprimés de nombreuses manifestations, pas seulement étudiantes. Au-delà des garanties nécessaires à leur sécurité, Reporters sans frontières continue de réclamer un débat de fond, soulevé lors des manifestations, sur le pluralisme informatif au Chili et le cadre légal qui doit le rendre possible. Cet enjeu inclut notamment une véritable refonte de la législation sur les radios et médias communautaires.
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Updated on 20.01.2016