Le gouvernement éthiopien attaque en justice six hebdomadaires

Le ministre de la Justice éthiopien vient d'attaquer en justice six journaux et magazines pour avoir "disséminé de fausses rumeurs dans le but de déstabiliser l'ordre constitutionnel et affaiblir la confiance du public dans le gouvernement".

Le 5 août 2014, le gouvernement éthiopien annonçait qu'il poursuivrait en justice six hebdomadaires, à savoir Lomi, Enqu, Fact, Jano, Addis Guday et Afro-Times. Dans un communiqué, le ministère de la Justice reproche à ces journaux rien de moins que d'"encourager le terrorisme, de mettre en danger la sécurité nationale, d'inciter de façon répétée à la haine religieuse et ethnique et d'entacher les officiels et les institutions publiques". Addis Guday et Fact, deux des publications poursuivies par le gouvernement, font partie des journaux privés les plus importants du pays. Ils sont connus pour avoir fréquemment couvert des évènements ou publié des informations ayant généré des controverses politiques. L'un des journalistes du Addis Guday, Asmamaw Hailegiorgis, actuellement poursuivi pour terrorisme, est emprisonné depuis le 25 avril 2014. Le gouvernement a déclaré avoir été "patient" avec les six journaux mais avoir finalement décidé de les poursuivre afin de "répondre à la demande du public" de prendre des actions concrètes et correctives. Il s'est également déclaré prêt à poursuivre d'autres journaux si ceux-ci s'engageaient également dans des "activités subversives similaires". "Le gouvernement éthiopien doit absolument mettre un terme aux pressions qu'il exerce depuis maintenant plusieurs mois sur les médias indépendants déclare Christophe Deloire, Secrétaire général de Reporters sans frontières. Entre les 10 journalistes et blogueurs déjà accusés de terrorisme et ces nouvelles menaces de procès, le gouvernement de Hailemariam Desalegn est en train de durcir son message vis à vis des acteurs de l'information. Il est absolument illégitime qu'un gouvernement attaque en justice des journalistes au motif qu'ils "affaiblissent la confiance du public dans le gouvernement". L’Ethiopie se place au 143e rang sur 180 pays selon le Classement 2014 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. (en photo : le ministre de la Justice éthiopien, Getachew Ambaye)
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Updated on 20.01.2016