Le directeur de Farda libéré, mais l'opérateur de télévision par câble de Jalalabad fermé

Abdul Ghafur Aiteqad, directeur de l'hebdomadaire privé Farda (Demain), a été libéré le 23 décembre dès le retour du président Hamid Karzai à Kaboul. Le journaliste a été détenu pendant quatre jours dans une petite cellule avec huit prisonniers de droits commun. Par ailleurs, Reporters sans frontières a pu confirmer que les services de sécurité de Jalalabad ont fermé le seul opérateur de télévision par câble de la ville, en application d'un ordre de la Cour suprême. __________________________________________________________ 20.12.02 Au cours de la même semaine, la Cour suprême d'Afghanistan a interdit la diffusion de chaînes étrangères par le seul opérateur de télévision câblée de la ville de Jalalabad (province de Nangahar), et des policiers ont arrêté le directeur d'un hebdomadaire après la publication d'une caricature du président Hamid Karzai. Reporters sans frontières est très préoccupée par les récentes décisions des autorités politiques et judiciaires d'Afghanistan. "Il ne suffit pas de proclamer que l'on est attaché à la liberté de la presse pour que ce droit soit garanti. Nous vous demandons d'intervenir pour obtenir la libération du directeur de la publication Farda et de garantir l'existence de l'opérateur de télévision à Jalalabad", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans une lettre adressée au ministre de l'Information et de la Culture, Sayeed Raheen. "En quoi des films indiens et une caricature du président Hamid Karzai menacent-ils la sécurité nationale et la culture de l'Afghanistan ?", s'est interrogé Robert Ménard. La Cour suprême de Kaboul a ordonné, le 18 décembre, aux autorités de Jalalabad (est du pays) de faire cesser la diffusion, par un opérateur de télévision par câble, de chaînes étrangères, notamment indiennes, qui contiennent des programmes "contraires aux traditions" afghanes. Les autorités de la province de Nangahar, notamment le chef de la police, Ajab Shah, auraient, selon l'Agence France-Presse, déjà procédé à la fermeture de l'opérateur en application de la décision de la Cour contrôlée par les conservateurs proches du parti fondamentaliste Jamat-e-Islami. Dans les semaines qui ont précédé cette décision, des tracts anonymes ont circulé à Jalalabad, demandant l'interdiction de l'opérateur Afghan Cable TV. En octobre, un représentant de Reporters sans frontières avait rencontré Muhammad Humayun, un ingénieur revenu du Pakistan et directeur de l'opérateur, qui affirmait qu'il avait "déjà connecté six cent foyers de Jalalabad après avoir reçu un permis des autorités pour son business" et qu'il pratiquait l'autocensure en ne diffusant pas des chaînes vulgaires et obscènes. Par ailleurs, Abdul Ghafur Aiteqad, directeur de l'hebdomadaire privé Farda (Demain), a été arrêté, le 19 décembre 2002, par des hommes du parquet à son bureau de Kaboul. Selon l'Agence France-Presse, cette arrestation fait suite à la publication, le 15 décembre, d'une caricature du président Hamid Karzai en train de jouer de l'harmonium et de chanter "Reconstruction, reconstruction, …" devant des Occidentaux qui dansent en brandissant des dollars. Lakhdar Brahimi, représentant des Nations unies en Afghanistan, est quant à lui caricaturé dans le dessin en train d'annoncer au micro : "Bientôt, nous aurons une autre cérémonie à la Banque mondiale pour emprunter de l'argent … mais avec intérêts." L'ordre d'arrestation serait venu du ministre de la Défense, le maréchal Fahim. Farda est l'une des cent trente publications privées en persan qui ont vu le jour à Kaboul depuis la chute du régime taliban. Reporters sans frontières a publié en octobre le rapport "Afghanistan - Un an après la chute des taliban, où en est la liberté de la presse ?" disponible sur www.rsf.org
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Updated on 20.01.2016