Radio Azadliq est la dernière victime en date de la campagne d’éradication du pluralisme menée par les autorités azerbaïdjanaises. Le 26 décembre 2014,
au terme d’une journée de perquisition, son bureau de Bakou a été placé sous scellés. Après avoir forcé le coffre de la rédaction, les inspecteurs ont saisi des documents officiels ainsi que deux ordinateurs portables, le serveur principal de la rédaction, des appareils photos, des caméras, des cartes mémoire et autres outils de stockage d’information.
“Les mots manquent pour qualifier l’ampleur de la répression à l’oeuvre en Azerbaïdjan”, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de Reporters sans frontières.
“L’une après l’autre, chacune des dernières voix indépendantes est méthodiquement étouffée par le régime d’Ilham Aliev. Tant de détermination et si peu de scrupules appellent une réponse extrêmement ferme de la part des institutions internationales et partenaires étrangers de l’Azerbaïdjan.”
Les inspecteurs qui se sont présentés vers 10h30 pour perquisitionner disposaient d’un mandat délivré dans le cadre d’une enquête ouverte contre plusieurs organisations recevant des financements de l’étranger. En revanche, ils n’ont aucunement justifié la mise sous scellés des locaux et n’ont pas indiqué la durée de cette mesure. Dès l’arrivée des inspecteurs, le téléphone et Internet ont été coupés dans la rédaction, et les journalistes ont été enfermés dans une pièce pendant plusieurs heures, avant d’être conduits à l’extérieur.
“Cette manœuvre est clairement destinée à bloquer les activités de notre bureau de Bakou et à menacer nos journalistes”, a déclaré à Reporters sans frontières le directeur de
Radio Azadliq,
Kenan Aliyev. "L’ordre
(de ce raid) provient d’en haut, en représailles contre notre travail journalistique et dans un effort brutal pour réduire
RFE/RL au silence”, a ajouté le rédacteur en chef et codirecteur de la radio,
Nenad Pejic, dans un communiqué officiel. La station a annoncé son intention de poursuivre son travail sur l’Azerbaïdjan.
RFE/RL était déjà bannie des ondes depuis 2009, mais continuait à atteindre son public sur Internet.
Le 26 décembre également, un tribunal de Bakou a rejeté la demande de remise en liberté conditionnelle introduite par l’avocat de
Khadija Ismaïlova, ancienne chef du bureau de Bakou de
Radio Azadliq. La célèbre journaliste d’investigation, figure de la défense des droits de l’homme en Azerbaïdjan,
a été arrêtée le 5 décembre dans une affaire montée de toutes pièces. Reporters sans frontières appelle de nouveau à
signer sa pétition, lancée le 15 décembre, pour demander sa libération immédiate et inconditionnelle.
La fermeture du bureau de
Radio Azadliq à Bakou rappelle les méthodes récemment employées contre les principales ONG de soutien des médias en Azerbaïdjan. Les locaux de l’Institute for Reporters Freedom and Safety (IRFS), de Media Rights Institute (MRI) et d’International Research & Exchanges Board (IREX) avaient tous été
perquisitionnés et mis sous scellés courant août.
Une
vague de répression sans précédent s’abat depuis plusieurs mois sur les journalistes indépendants, blogueurs et net-citoyens azerbaïdjanais, ainsi que sur les structures qui les soutiennent. Pas moins de
quinze journalistes et blogueurs, dont le droit à un procès équitable
n’est jamais respecté, sont actuellement incarcérés en lien avec leurs activités d’information, ce qui fait de l’Azerbaïdjan la plus grande prison pour les acteurs de l’information sur le continent européen. Avant même ce pic de répression, le pays figurait à la 160e place sur 180 dans le
Classement 2014 de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières.