La mairie de Bayeux et Reporters sans frontières inaugurent le mémorial des reporters

Environ 2 000 journalistes, photographes, cameramen ou preneurs de son ont été tués dans le monde, depuis 1944. C'est pour leur rendre hommage que Reporters sans frontières et la ville de Bayeux (Normandie) ont inauguré, le 7 octobre 2006, le Mémorial des reporters, premier du genre en Europe.

Environ 2 000 journalistes, photographes, cameramen ou preneurs de son ont été tués dans le monde, depuis 1944. C'est pour leur rendre hommage que Reporters sans frontières et la ville de Bayeux (Normandie) ont inauguré, le 7 octobre 2006, le Mémorial des reporters, premier du genre en Europe. Le site est constitué d'une promenade paysagère ponctuée de pierres blanches sur lesquelles seront gravés les noms des journalistes tués sur la planète dans l'exercice de leur fonction depuis 1944. Quatre stèles ont d'ores et déjà été posées, correspondant aux années 1997 à 2005. Les autres pierres seront gravées et placées sur le site dans les mois qui viennent. Ce Mémorial des reporters est conçu et réalisé par Samuel Craquelin, architecte et paysagiste installé à Lillebonne (Seine-Maritime). A 45 ans, il a notamment été lauréat du Prix national du paysage (décerné par le ministère de l'Environnement) en 1995 et du Prix Paysage en héritage (remis par le Sénat) en 2003. Depuis le début de l'année 2006, 53 journalistes et 17 collaborateurs des médias ont été tués dans le monde. Au cours des dix dernières années, les pays les plus meurtriers pour les journalistes ont été l'Irak (77 tués), la Colombie (38), les Philippines (33), la Serbie (22), la Russie (21), l'Inde (19), la Sierra Leone (16), le Mexique (15), le Bangladesh (13), le Brésil (12), le Sri Lanka (12) et l'Afghanistan (11). Les journalistes français n'ont pas été épargnés par ces violences. Au moins 28 noms (cf. Liste complète en fin de communiqué) de reporters de nationalité française figureront sur les pierres du Mémorial. Avec 103 journalistes et collaborateurs des médias tués en trois ans, la guerre en Irak est sans doute le conflit le plus meurtrier pour la presse depuis la Seconde Guerre mondiale. Les récents conflits au Liban ou en Somalie ont prouvé, une fois de plus, que les journalistes qui travaillent en zones de guerre sont particulièrement exposés. Pendant la guerre du Viêt-nam, au moins 63 journalistes ont été tués, sur une période de vingt ans s'étalant de 1955 à 1975. Au cours du conflit en ex-Yougoslavie, entre 1991 et 1995, 49 professionnels des médias ont trouvé la mort dans l'exercice de leur profession. Et en Algérie, 77 journalistes et collaborateurs des médias ont été tués entre 1993 et 1996, pendant la guerre civile. Reporters sans frontières mène différents projets pour tenter de renforcer la sécurité des journalistes. L'organisation travaille, par exemple, avec les députés français François Loncle et Pierre Lellouche - auteurs d'un rapport intitulé "Sécurité des journalistes et liberté d'informer dans les zones de conflit" - à l'adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies d'une résolution protégeant les journalistes et par l'Unesco d'une déclaration réaffirmant le droit des journalistes à la sécurité en toutes circonstances. Liste des journalistes français tués dans l'exercice de leur fonction depuis 1944 1951 - Jean-Marie de Premonville (AFP) - Corée du Sud 1955 - Roger Ladevèze (France Soir) - Maroc 1955 - André Leveuf (France Soir) - Maroc 1955 - Roland Jourdan (NBC) - Maroc 1956 - Jean Roy (Paris Match) - Egypte 1956 - Jean-Pierre Pedrazzini (Paris Match) - Hongrie 1962 - Paul Guihard (AFP) - Etats-Unis 1967 - Bernard Fall (France-Amérique) - Viêt-nam 1970 - Gilles Caron (Gamma) - Cambodge 1970 - René Puissesseau (ORTF) - Cambodge 1970 - Raymond Meyer (ORTF) - Cambodge 1970 - Claude Arpin (Newsweek) - Cambodge 1970 - Guy Hannoteaux (L'Express) - Cambodge 1970 - Roger Colne (NBC) - Cambodge 1971 - Francis Bailly (Gamma) - Cambodge 1975 - Michel Laurent (Gamma) - Vietnam 1975 - Paul Leandri (AFP) - Vietnam 1989 - Jean-Louis Calderon (La Cinq) - Roumanie 1991 - Pierre Blanchet (Nouvel Observateur) - Yougoslavie 1991 - Jean-Claude Jumel (TF1) - Somalie 1993 - Yvan Scopan (TF1) - Russie 1994 - Olivier Quemeneur (Australian Broadcasting Corporation) - Algérie 2001 - Johanne Sutton (RFI) - Afghanistan 2001 - Pierre Billaud (RTL) - Afghanistan 2002 - Patrick Bourrat (TF1) - Koweït 2003 - Jean Hélène (RFI) - Côte d'Ivoire 2005 - Samir Kassir (An-Nahar) - Liban Certaines familles de journalistes, dont les noms figurent sur les stèles du Mémorial, ont choisi de faire le voyage avec nous. Michèle Montas, la veuve du journaliste haïtien Jean Dominique, assassiné dans son pays en décembre 2000. Elizabeth et Dan Sutton, la sœur et le frère de la journaliste de Radio France Internationale Johanne Sutton qui a perdu la vie en 2001, en Afghanistan. Hélène Billaud, la soeur du journaliste Pierre Billaud, également tué en Afghanistan, le 11 novembre 2001. Martine Bourrat, la veuve de Patrick Bourrat, grand reporter de TF1, tué en 2002 au Koweït. Anne Waddington, la sœur de James Miller, journaliste britannique indépendant, tué par un tir israélien, à Gaza en 2003. Anne Baldens-Duflot, la sœur du journaliste de RFI, Jean Hélène, assassiné en Côte d'Ivoire, en 2003 . La famille de Deyda Hydara, directeur de l'hebdomadaire The Point, correspondant de l'AFP et de Reporters sans frontières en Gambie, assassiné en 2004. Gisèle Khoury, la veuve du journaliste franco-libanais Samir Kassir, tué dans l'explosion de sa voiture, lors d'un attentat, le 2 juin 2005, à Beyrouth.
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Updated on 20.01.2016