La Haute Cour nie le droit à la protection des sources

Reporters sans frontières est vivement préoccupée par la décision d'un juge de la Haute Cour de Singapour, selon laquelle les journalistes ne bénéficient pas du droit à la protection des sources. "La protection des sources avait déjà été mise à mal par la très stricte législation sur la diffamation. Cette décision, qui risque de faire jurisprudence, est un nouveau facteur aggravant. Elle est propre à encourager le silence, ou du moins la défiance des interlocuteurs des journalistes" a déclaré Robert Ménard, le secrétaire général de l'organisation. "Dans un pays où les médias sont étroitement contrôlés par l'Etat, elle mine un peu plus la possibilité pour les voix discordantes de se faire entendre". Le juge Choo Han Teck a déclaré en juillet, dans un procès en diffamation opposant un entrepreneur et le groupe de presse Singapore Press Holdings, que les tribunaux pouvaient contraindre les journalistes à révéler leurs sources dans des affaires civiles, rejetant ainsi l'idée de "newspaper rule", une coutume anglaise vieille d'un siècle, qui protège l'identité des sources journalistiques. "Seuls les avocats et leurs clients sont exemptés de cette révélation. Les journalistes, comme les membres de professions respectables, tels les prêtres et les médecins, n'ont pas ce privilège", a affirmé le juge, ajoutant qu'il reviendrait à chaque tribunal de décider dans quel cas la divulgation des sources était pertinente.
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Updated on 20.01.2016