La cour suprême du Karakalpakstan confirme la condamnation d'un journaliste à dix ans de prison

Le 19 novembre 2008, la Cour suprême de la république autonome du Karakalpakstan (Ouest) a confirmé la condamnation de Solidzhon Abdourakhmanov à dix ans de réclusion criminelle pour trafic de drogues, sans tenir compte des éléments avancés par le journaliste pour sa défense, ni motiver sa décision. “Cette décision illustre, comme nous le craignions, le fait que l'Ouzbékistan ne s'est pas engagé dans une politique d'amélioration de la situation des droits de l'homme et de la liberté de la presse. Les voix indépendantes sont toujours poursuivies et sanctionnées pour avoir eu l'audace de rendre compte de la réalité”, a déclaré Reporters sans frontières. “Toutefois, Solidzhon Abdourakhmanov dispose d'un dernier recours et nous espérons qu'il sera entendu lorsque la Cour suprême ouzbeke se prononcera sur cette affaire. Nous appelons les autorités à se démarquer des instances du Karakalpakstan et à relaxer logiquement Solidzhon Abdourakhmanov”, a poursuivi l'organisation. Le 19 novembre, à l'issue d'un procès en appel de près de cinq heures, Solidzhon Abdourakhmanov, collaborateur de nombreuses organisations non gouvernementales et de médias indépendants, a vu sa condamnation à dix ans de prison confirmée par la Cour suprême, à Noukous, capitale du Karakalpakstan. Le collège de magistrats n'a pas tenu compte des questions soulevées par la défense et n'a pas justifié sa décision. Pourtant, Bahrom Abdourakhmanov, avocat et frère du journaliste, a mis en avant plusieurs aspects problématiques du dossier, tendant à prouver que l'arrestation de Solidzhon Abdourakhmanov avait été planifiée et que l'intention des autorités était de punir un journaliste critique. Parmi ces éléments, on peut notamment souligner que le véhicule de Solidzhon Abdourakhmanov se trouvait en réparation chez un garagiste jusqu'au jour même de l'arrestation. Lorsque le journaliste est allé le chercher, il a remarqué que la fenêtre en avait été ouverte, puis refermée, au moyen d'allumettes la maintenant en place. Pourtant, à aucun moment, les enquêteurs ne se sont intéressés à cette anomalie. Ils n'ont pas non plus posé de question sur l'origine de la drogue ou sur les clients supposés de Solidzhon Abdourakhmanov. En revanche, ils ont longuement questionné le défenseur des droits de l'homme sur ses activités, ont saisi des dossiers dans son ordinateur, ainsi que des documents à son domicile et à son bureau. Solidzhon Abdourakhmanov a été arrêté le 7 juin 2008 et se trouve depuis en détention. Initialement accusé d'“usage de drogue sans intention de la revendre”, il est désormais poursuivi pour “trafic de drogue”. Il a toujours nié les faits qui lui sont reprochés.
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Updated on 20.01.2016