Kazakhstan : RSF dénonce les entraves au travail de journalistes arrêtés en marge des manifestations

La police kazakhe a empêché plusieurs journalistes de couvrir la journée de mobilisation du 22 février, notamment dans la ville d’Oural. Reporters sans Frontières (RSF) condamne une violation flagrante du droit d’informer.

Deux journalistes ont été arrêtés et au moins deux autres convoqués par la police dans la ville d’Oural, alors qu’ils s’apprêtaient à couvrir des rassemblements du parti "Choix démocratique du Kazakhstan" (DVK) le 22 février. Interdit car jugé "extrémiste" par les autorités kazakhes, ce parti est à l’inverse considéré comme un "mouvement pacifique" par le parlement européen


Akmaral Fiodorova et Alexeï Vorobiev, de l’hebdomadaire régional Ouralskaïa Nedelia ont été détenus au poste de police d’Abaïsk. Akmaral Fiodorova avait été interpellée samedi matin, alors qu’elle filmait un homme seul tenant un piquet de manifestation, l’une des rares formes d’action politique autorisées au Kazakhstan. En début d’après-midi, son collègue Alexeï Vorobiev avait été arrêté près d’un rassemblement du parti DVK, où il s’était rendu à la demande de sa rédaction. Il a été interrogé sur ses liens avec ce parti. 


Par ailleurs, le rédacteur en chef d’Ouralksaïa Nedelia, Loukpan Akhmediarov, a été interrogé pendant quatre heures par la police en qualité de témoin, dans une affaire criminelle vieille de trois ans. Il est régulièrement convoqué juste avant une manifestation : trois fois en 2018, et cinq en 2019. Maria Melnikova, journaliste chez Radio Azattyk a elle aussi reçu une convocation, la veille pour le lendemain, pour témoigner dans une affaire datant de dix ans. 


"Après une fin d’année 2019 plutôt positive avec l’acquittement du journaliste Amangeldy Batyrbekov et l’annonce du président Tokaïev de dépénaliser la diffamation, le Kazakhstan ne doit pas resserrer l’étau sur la liberté de la presse, met en garde la responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF, Jeanne Cavelier. Les arrestations en marge des manifestations et les "convocations à témoigner" sont une violation du droit d’informer." 


Malgré son acquittement en appel dans un procès pour diffamation le 9 janvier, Amangeldy Batyrbekov a de nouveau été ciblé par la police dès le 14 février. Lors d’une réunion publique tenue par le gouverneur du Turkestan, il a été retenu de force dans un autocar pendant plusieurs heures. Il n’a été relâché qu’après le départ du gouverneur, et sa caméra a été endommagée.


Le Kazakhstan occupe la 158e place du 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF. 

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Mise à jour le 25.02.2020