Kazakhstan : des journalistes sous pression pour leur couverture du Covid-19

Mise à jour : La journaliste Zaure Mirzakhodjayeva a été informée le 30 mai de l'abandon des charges contre elle dans l'enquête pour diffusion de fausses informations. Mais elle peut toujours être interrogée comme témoin.



Interrogatoires, poursuites judiciaires, atteinte au secret des sources : les entraves au travail des journalistes liées à l’épidémie de coronavirus se multiplient au Kazakhstan. Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités de laisser les journalistes travailler librement pendant la crise sanitaire.


Convoquée le 23 avril au poste de police de Shymkent, au sud du Kazakhstan, la journaliste et blogueuse Zaure Mirzakhodjayeva, a été interrogée pendant plus de sept heures pour un post Facebook. Une enquête pour diffusion de fausses informations (article 274 du Code pénal) a été ouverte. 


Depuis la mise en place de l’état d’urgence le 16 mars, les pressions judiciaires sur les médias kazakhs se multiplient. Les autorités surveillent étroitement les réseaux sociaux et les médias, à l’affût des critiques trop véhémentes sur la gestion de la crise sanitaire. Le président Kassym-Jomart Tokaïev a en effet demandé le 23 mars aux services de renseignement, au parquet et au ministère de l’Information de "porter une attention particulière à la diffusion de rumeurs et d’informations provocatrices" afin d’en "identifier et punir" les auteurs.


"Sous couvert d’éviter la panique, les autorités sanctionnent les journalistes et blogueurs qui dévient du discours officiel sur l’épidémie, dénonce la responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF, Jeanne Cavelier. Cette instrumentalisation de l’état d’urgence nuit à la liberté de la presse au Kazakhstan. Elle doit cesser." 


Alors qu’ils réalisaient un reportage sur les conditions de travail au sein d’un hôpital à Atyrau, dans l’ouest du pays, le journaliste Beken Alirakhimov et le caméraman Manas Charipov de la chaîne KTK TV ont été arrêtés le 11 avril pour "violation de l’état d’urgence" (article 476 du Code administratif). À l’issue de leur procès le 24 avril, ils ont écopé d’un avertissement, après avoir été placés en quarantaine forcée pendant deux semaines à l’hôpital. La loi les autorise pourtant à continuer leur activité pendant l’épidémie.


Des journalistes d’autres publications, désireux de conserver leur anonymat, ont subi des pressions. Le Kazakhstan occupe la 157e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse, établi par RSF.

Publié le
Updated on 02.06.2020