Journalistes agressés et menacés lors des manifestations contre le passe sanitaire dans l’Union européenne : RSF appelle à protéger le droit d’informer
Au moins sept journalistes ont été agressés et d’autres menacés, alors qu’ils couvraient des manifestations contre le passe sanitaire en Italie, France, Espagne et Slovaquie. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités à assurer une meilleure protection des reporters et à mener des enquêtes approfondies sur les agressions physiques.
Faussement assimilés à des organes de propagande soutenant des gouvernements en place, les journalistes de plusieurs pays européens ont été les cibles d’individus violents lors des manifestations du samedi 24 juillet contre l’instauration d’un passe sanitaire Covid-19 conditionnant l’accès à différents espaces publics.
“Les journalistes ne sauraient être les boucs émissaires des désaccords des manifestants avec leurs gouvernements. Les attaques, menaces et entraves qui les visent, alors qu’ils rapportent les événements en tant qu’observateurs indépendants, sont inadmissibles.” déclare le responsable du bureau UE/Balkans de RSF, Pavol Szalai. “Nous demandons une protection efficace des journalistes lors des manifestations et des enquêtes approfondies sur les agressions physiques. Le droit d’informer doit prévaloir.”
En Italie, la plus violente agression a eu lieu à Florence, où des protestataires ont frappé à coups de pied et insulté durant plusieurs heures le reporter d’image Saverio Tommasi du site d’information fanpage.it. Sa caméra a été endommagée. À Rome, des reporters de la RAI ont été insultés tout comme leurs confrères et consoeurs des quotidiens Il Secolo XIX et Genova 24 à Gênes. Des journalistes ont également fait l’objet d’insultes à Milan où l’un d’eux a été poussé par des manifestants.
Agressés et injuriés
En France, lors d’une marche à Marseille, deux journalistes de France 2 ont été hués, agressés physiquement et insultés, ils ont dû se résoudre à quitter les lieux. Toufik de Planoise, reporter à Radio BIP / Média 25, a reçu un coup de poing asséné par un militant d’extrême droite alors qu’il couvrait la manifestation à Besançon. À Paris, deux reporters de la chaîne BFMTV ont été qualifiés de “collabos”, insulte criée et répétée en cœur par les manifestants, avant d’être encerclés. Comme leurs confrères de France 2, ils ont été chassés du rassemblement.
En Espagne, à Madrid, des manifestants opposés au port du masque et à la vaccination des mineurs contre le Covid-19 ont pris pour cible de leurs menaces et injures Sonia López de la chaîne Antena 3. Ils ont également hué le journaliste Antonio Campos, de la chaîne Telemadrid et ont tenté de l'empêcher de travailler. Une équipe de la chaîne LaSexta a également été huée, les journalistes traités d'"assassins" par des manifestants criant "télévision, manipulation".
En Slovaquie, des manifestants ont agressé, bousculé et insulté le journaliste et le caméraman de la plus grande chaîne privée du pays, TV Markiza. Leur caméra a été obstruée et endommagée.
L’Espagne, la France, la Slovaquie et l’Italie occupent respectivement la 29e, 34e, 35e et 41e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.