Inde : quatre photojournalistes blessés par la police au Cachemire

Reporters sans frontières (RSF) demande l’ouverture d’une enquête et appelle les autorités à prendre des mesures suite aux blessures par billes de plomb infligées par la police à des photographes.

“Nous avons montré aux autorités nos appareils photos.  Deux d’entre nous portaient des vestes portant l’inscription ‘press’. Malgré cela, ils nous ont criblés de billes de plombs.” Waseem Andrabi qui travaille pour le Hindustan Times est l’un des quatre photojournalistes qui a été délibérément visé par la police et blessé par des billes de plomb alors qu’il couvrait le mardi 22 janvier une fusillade dans le district de Shopian, dans le sud du Cachemire.  Trois autres photographes, Nisar-ul-Haq du quotidien Rising Kashmir basé à Srinagar, Junaid Gulzar du Kashmir Essence, Mir Burhan de ANN, ont également été visés et blessés au visage ou sur d’autres parties du corps alors qu’ils tentaient de traverser une rue. Les quatre photojournalistes ont été transférés à l’hôpital.


“Nous condamnons avec la plus grande fermeté ces actes de violence délibérée perpétrés par les forces de l’ordre contre des journalistes qui tentaient juste de faire leur travail, déclare Daniel Bastard, responsable du Bureau Asie-Pacifique de RSF. Nous appelons les autorités locales à engager une réflexion sur l’usage systématique des fusils à billes de plombs, dont les reporters sont trop souvent les victimes collatérale. Surtout, une enquête indépendante doit identifier les responsables de ces incidents intolérables et des sanctions appropriées doivent être prises.”


Ce n’est pas la première fois que des reporters sont victimes de tirs de fusils à bille de plomb des forces de sécurité au Cachemire. En octobre dernier, Aijaz Ahmad Dar de Zee News, était blessé à la tête alors qu’il couvrait une manifestation, lui aussi dans le district de Shopian. En août, la photojournaliste Masrat Zahra a été touché au front alors qu’elle couvrait les célébrations de l’Aïd. En mai 2018, le photographe Ahmer Khan avait témoigné de la grande brutalité de ces interventions à base de fusils à billes de plomb. En août 2016, le journaliste Mir Javid a raconté avoir été blessé aux yeux par des tirs de plomb, puis s’être lui-même extrait les billes lui criblant le corps.


RSF a déclenché, en juin dernier, une procédure d’alerte sur la place de l’Inde au Classement mondial de la liberté de la presse dans la prochaine édition. Le pays est aujourd’hui classé 138e sur 180.


Publié le
Mise à jour le 23.08.2019