Huit journalistes colombiens menacés de mort

Le groupe paramilitaire « Los Urabeños » a menacé de mort huit journalistes de différents médias, à Cali et à Buenaventura, dans le département du Valle del Cauca situé dans le nord du pays. Leurs noms sont apparus sur une nouvelle liste noire le 28 septembre 2014, quatre jours après que deux autres journalistes ont été menacés de façon similaire par la bande criminelle « Los Rastrojos ». Les tracts signés par « Los Urabeños », qui fait partie de la liste des Prédateurs de la liberté de la presse établie par Reporters sans frontières, ont été envoyés à huit journalistes accusés par le groupe paramilitaire d’avoir diffusé des informations fausses sur l’arrestation d’un membre de la bande criminelle le 26 septembre 2014. Les journalistes menacés sont Gildardo Arango, directeur de Noticiero Más Pacifico, Yesid Toro, de El País et Q'hubo, Darío Gómez, de Radio Caracol, Álvaro Miguel Mina, de la Radio Q'hubo, Henry Ramírez, de Noticias Uno, Christian Mauricio Abadía, de Red + Noticias, Oscar Gutiérrez, de Radio Buenaventura et Julio Cesar Bonilla, de la télévision communautaire Voces del Pacífico. Basés à Cali et à Buenaventura, ces journalistes ont été désignés « objectifs militaires » et ont reçu un ultimatum de 24 heures pour quitter leur ville. « Reporters sans frontières exhorte les autorités à assurer la protection des journalistes menacés par le groupe paramilitaire, déclare Virginie Dangles, adjointe à la direction des Programmes de l’organisation. Les autorités colombiennes doivent prendre ces intimidations au sérieux pour faire face à la hausse de menaces envers les journalistes dans le pays. » Le Bureau du défenseur du peuple colombien, organisme national ayant pour but la promotion des droits de l’homme dans le pays, a déclaré avoir pris connaissance de 93 cas de journalistes menacés depuis le début de 2014, soit 51 dénonciations de plus que l’an dernier. Même si le nombre d’assassinats de journalistes dans le pays a connu une forte baisse depuis le début des années 2000, la Colombie est le deuxième pays le plus meurtrier pour les journalistes en Amérique latine. La Colombie est 126ème sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières le 12 février dernier. Communiqué de presse du 26 septembre 2014 : Deux journalistes sur la liste noire du groupe paramilitaire “Los Rastrojos” Les journalistes colombiens Leiderman Ortiz Berrio et Edgar Astudillo sont parmi les 24 personnes menacées de mort, dont le nom apparaît sur une liste noire signée par le groupe paramilitaire “Los Rastrojos”. Cette liste a été diffusée sous forme de tracts, le 24 septembre 2014, à Montería, dans le département de Córdoba (nord du pays). “Si vous continuez avec votre prosélytisme politique, syndicaliste, pacifiste, gauchiste contre notre organisation, vous en paierez les conséquences. Notre patience a des limites”. C’est en ces termes que le groupe paramilitaire “Los Rastrojos” a menacé les journalistes Leiderman Ortiz Berrio et Edgar Astudillo, les accusant d’être des “agitateurs”. Les deux journalistes font partie d’une liste noire de 24 noms, parmi lesquelles plusieurs dirigeants politiques et militants. Ce type de menaces est une pratique récurrente d’intimidation de la part de groupes paramilitaires et narcotrafiquants en Colombie. Plusieurs journalistes ont déjà été ciblés en tant qu’“objectifs militaires” par ces bandes criminelles. Leiderman Ortiz Berrio est le directeur du journal La Verdad del Pueblo, un hebdomadaire qui traite de la corruption et de la violence dans la région du Bajo Cauca, dans le nord du pays. Le journaliste est régulièrement la cible de menaces. En 2010, la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) avait demandé à l’État colombien de lui octroyer des mesures de protection. Depuis, Leiderman Ortiz Berrie qui vit toujours à Caucasia, dans le département d’Antioquia, se déplace avec la protection de trois agents de sécurité et à bord d’une voiture blindée. Le journaliste Edgar Astudillo bénéficie aussi de mesures de protection de la part de l’État. En 2009, il a publié plusieurs reportages sur la bande criminelle “Los Paisas”. Menacé, il a dû quitter Montería, capitale du département de Córdoba (Nord). De retour depuis 2011, il dirige actuellement une émission de la station de radio locale Radio Panzenú. “Reporters sans frontières exhorte les autorités à diligenter une enquête minutieuse sur la publication de cette liste noire et à poursuivre les responsables de cette nouvelle campagne de terreur dans le nord du pays, déclare Camille Soulier, responsable du bureau des Amériques de l’organisation. Même si la mise en place de mesures de protection sont indéniablement nécessaires, les autorités doivent aller plus loin et combattre systématiquement l’impunité afin de garantir la sécurité des journalistes qui risquent leur vie quotidiennement pour informer la société sur des thèmes sensibles.” Leiderman Ortiz Berrio a demandé à l’Unité nationale de protection (UNP) de réévaluer les mesures de sécurité accordées à sa famille et aux dizaines d’autres journalistes menacés dans le pays. Il a récemment assisté à l’enterrement de son collègue et journaliste Luis Carlos Cervantes, assassiné le 12 août 2014, supposément par le groupe paramilitaire “Los Urabeños” dans le département de Antioquia. La Colombie est 126ème sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières le 12 février dernier.
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Updated on 20.01.2016