Grèce : le nouveau schéma national du maintien de l’ordre risque de menacer la liberté de la presse

Le nouveau schéma national grec du maintien de l’ordre lors des rassemblements publics (SNMO) risque de restreindre l’activité et l’accès à l’information des professionnels des médias lors des manifestations. Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités de revoir le texte en consultant les représentants des journalistes grecs.

Le ministère grec de la Protection du citoyen a dévoilé, jeudi 21 janvier 2021, son nouveau schéma national du maintien de l’ordre lors des rassemblements publics (SNMO). Le texte, rédigé sans concertation avec les représentants des journalistes, prévoit la création d’une “zone spécifique” lors des manifestations, destinée à accueillir les professionnels du secteur. Une mesure qui pourrait restreindre leur activité.


Cette nouvelle “stratégie de communication” du ministère fait craindre un contrôle de l’information en permettant aux autorités de diffuser leur propre version des faits au détriment d’une couverture indépendante des événements. En effet, selon le texte, les journalistes placés dans ces “zones spécifiques” devront travailler avec un “officier-référent”. Ce dernier doit assurer la liaison entre la police et les professionnels durant toute la durée des manifestations et leur fournir les principales informations.


Si le ministre de la Protection du citoyen, Michalis Chrisochoidis, a tenté de rassurer les professionnels des médias en affirmant vouloir “donner de l’espace aux journalistes et aux photographes (...) afin qu’ils puissent couvrir les faits”, ce nouveau projet de SNMO a suscité de vives réactions dans la profession. Les journalistes se disent très inquiets de voir leur liberté de déplacement et d’accès à l’information réduites lors des manifestations.


“Le ministère de la Protection du citoyen grec doit revoir ce nouveau projet de SNMO en consultant les représentants des journalistes, afin de trouver un accord qui n’empiète pas sur l’activité et le libre-arbitre journalistique lors des rassemblements publics, estime le responsable du bureau UE/Balkans de RSF, Pavol Szalai. Nous demandons aussi à la police grecque de protéger et de respecter les journalistes et d’arrêter immédiatement tout acte de violence et d’intimidation envers eux lors des manifestations ou concernant les sujets liés à la crise migratoire.”


En Grèce, les relations entre la police et les journalistes restent compliquées, notamment lors des rassemblements publics. Ces derniers mois, de nombreux photojournalistes ont été empêchés de faire leur travail, à l’image du journaliste Antonis Rigopoulos victime de violences policières et interpellé, le 17 novembre dernier, alors qu’il couvrait une manifestation à Athènes. Par ailleurs, les journalistes qui traitent les sujets liés à la crise migratoire font l’objet d’un harcèlement systématique de la part de la police grecque. Récemment, sur l’île de Lesbos, les journalistes Danilo Campailla et Iason Athanasiadis ont été arbitrairement détenus. En octobre 2020, sur l’île de Samos, une équipe de journalistes allemands a été interpellée. Les professionnels ont été emprisonnés durant sept heures sans inculpation et sans accès à un avocat, pour les décourager de poursuivre leur reportage.


 La Grèce se situe à la 65e place au Classement mondial pour la liberté de la presse établi par RSF en 2020.

Publié le
Mise à jour le 02.02.2021