France : RSF dénonce les violences policières commises contre des journalistes en marge des manifestations

Reporters sans frontières (RSF) appelle le gouvernement à mettre fin aux violences policières contre des journalistes après une série d’incidents survenus ces derniers jours.

Reporters sans frontières exprime sa très vive inquiétude après les violences policières perpétrées ces derniers jours par les forces de l’ordre contre des reporters à l’occasion des manifestations contre la loi travail. Certains journalistes n’hésitent plus à dire que leur brassard presse fait d’eux une cible. Les témoignages photo et vidéo qui circulent sur les réseaux sociaux se multiplient.


L’organisation, qui observe une recrudescence de pratiques violentes et illégitimes des forces de l’ordre, exhorte les plus hautes autorités de l’Etat à condamner ces agissements.


Le 17 mai dernier, le vidéaste Joël Labat se trouve place Denfert-Rochereau pour capturer des images de la manifestation.


Sa vidéo publiée sur le site Reporterre montre le cameraman pris pour cible par un tir tendu de grenade lacrymogène visant à l’empêcher de filmer. Le tir tendu est formellement interdit. Le vidéaste, qui a porté plainte, s’en tire avec un hématome géant sur la cuisse.


Autre témoignage : celui du rédacteur en chef du magazine «Politis » Michel Soudais qui doit son salut le 26 mai dernier à du matériel logé dans sa veste.


« Je couvrais le rassemblement aux abords de la Place de la Nation, mon brassard presse bien en évidence quand je vois un CRS foncer sur moi et m’asséner un coup de matraque dans le ventre. Mon boîtier n’a pas résisté et c’est le téléobjectif planqué dans ma veste qui m’a protégé. Pour moi c’est clair, ce sont les journalistes qui sont visés», nous raconte ce journaliste expérimenté.


Plus alarmant encore, le cas d’un photographe indépendant grièvement blessé en fin de manifestation aux abords du cours de Vincennes ce même 26 mai.


Quand un gendarme tente de disperser la foule à l’aide d’une grenade de désencerclement, le journaliste est touché à la tempe et s’écroule. Une double enquête judiciaire et administrative a été ouverte. Le défenseur des droits s’est saisi de l’affaire.


Quatre jours après les incidents, le jeune homme est toujours hospitalisé sous sédation dans un établissement parisien et le Ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a assuré à sa famille que tout serait mis en œuvre pour faire la lumière sur les circonstances du drame.


La France occupe la 45eme position sur 180 dans le classement mondial de la liberté de la presse 2016 établi par RSF.



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Mise à jour le 31.05.2016