Des journalistes violemment attaqués dans trois grandes villes d’Allemagne

Reporters sans frontières (RSF) exprime son inquiétude face à la multiplication des agressions dont sont victimes les journalistes en Allemagne et à l’effet dissuasif qu’elles peuvent avoir sur les médias. La plus violente de ces attaques, au cours de laquelle quatre journalistes ont été blessés, a eu lieu le 1er mai dans la capitale, Berlin. Des incidents similaires se sont produits aussi dans les villes de Dortmund et d’Hambourg.

Ces deux dernières semaines, des journalistes de différents médias audiovisuels allemands ont été la cible d’agressions lors de manifestations contre les restrictions prises pour endiguer l’épidémie de coronavirus et des défilés du 1er mai.

 

A Berlin, l’équipe de tournage de la chaîne publique ZDF a été violemment attaquée par un groupe d’individus masqués le 1er mai dernier. Selon la police berlinoise, les victimes ont reçu des coups de barres en métal et des coups de pied. L’un des journalistes a perdu conscience et quatre d’entre eux ont dû être transportés à l’hôpital pour blessures. Les journalistes, escortés par des agents de sécurité, captaient des images pour le programme satirique « Heute Show » lors de la manifestation baptisée « Hygiene-Demo » contre les mesures sanitaires prises par le gouvernement pour endiguer la propagation du Covid-19.

 

La police criminelle fédérale mène une enquête auprès d’un groupe d’une quinzaine de personnes, dont certaines entretiennent des liens avec des mouvements de gauche. La police soupçonne que les agresseurs ont délibérément ciblé les journalistes de ZDF. La veille de l’agression, le site complotiste KenFM avait annoncé que l’équipe de la chaîne publique serait présente à la manifestation.

 

L’attaque la plus récente a eu lieu le 9 mai à Dortmund. Alors que deux journalistes de la chaîne publique WDR filmaient une manifestation contre les restrictions anti-coronavirus, un individu soupçonné d’être lié à un groupe d’extrême droite a tenté de jeter leur caméra à terre. L’un des journalistes a été blessé à la tête.

 

Trois jours plus tôt, l’équipe de tournage de la chaîne publique ARD a été attaquée lors d’une manifestation contre les mesures anti Covid-19 se tenant devant le Parlement à Berlin. Alors qu’il visait le preneur de son, un individu a décoché un coup de pied dans la perche qui a alors blessé le caméraman à la tête. Le suspect fait aujourd’hui l’objet d’une enquête. 


Des journalistes ont également été victimes de violences en marge du défilé du 1er mai. Dans le quartier berlinois de Kreuzberg, une journaliste a été blessée à la tête après qu’un policier lui a donné un coup de poing, selon la police qui enquête sur l’agression. La journaliste, qui travaille pour une agence de presse produisant des images télévisées, pense qu’elle a été visée délibérément.

 

Enfin, lors d’un défilé du 1er mai à Hambourg, une bouteille a été lancée en direction d’un caméraman travaillant pour l’agence Blaulicht News, le blessant à la tête. L’agresseur présumé, qui a pu s’enfuir, est recherché par la police.

 

« Ceux qui attaquent les journalistes attaquent par là-même la liberté de la presse. Tout particulièrement en ces temps de pandémie, les professionnels de l’information doivent pouvoir faire leur métier librement et sans craindre de subir des violences, afin de tenir le public informé et de contribuer à la liberté d’opinion, déclare Christian Mihr, directeur du bureau Allemagne de RSF. Ces agressions ne doivent pas dissuader les journalistes de couvrir les manifestations. »

 

L’Allemagne occupe le 11e rang sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2020 de RSF.

 

Pour lire le rapport complet de RSF Allemagne sur la liberté de la presse dans le pays publié en mars 2020 : https://www.reporter-ohne-gren...

Publié le
Mise à jour le 15.05.2020

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