Dernière chance pour les sénateurs sur l’interdiction des écoutes téléphoniques.

Reporters sans frontières renouvelle son appel aux sénateurs italiens pour leur demander de ne pas voter en Assemblée plénière le projet de loi sur l’interdiction de la publication des écoutes téléphoniques. Approuvé en commission, le texte prévoit deux mois de prison et des amendes pouvant atteindre 464 700 euros pour les éditeurs de journaux ou pour les médias audiovisuels qui diffuseraient des enregistrements audio et vidéo pratiqués par la police au cours d’une enquête judiciaire. « Nous faisons appel à la responsabilité des membres du Sénat italien pour qu’ils ne se rendent pas complices d’une loi liberticide totalement incompatible avec les standards démocratiques européens que les assemblées parlementaires sont censées incarner et garantir. L’enjeu de cette loi dépasse par ailleurs le seul domaine national. Si l’Italie, membre fondateur de l’Union européenne, devait approuver ce texte de loi, le signal envoyé aux pays tiers serait catastrophique et encouragerait bon nombre de dictatures à ‘’s’inspirer fort opportunément’’ de ce texte pour limiter la capacité d’investigation de la presse locale, avec des conséquences encore plus dramatiques. Cette dimension du problème ne peut pas être négligée » a déclaré Reporters sans frontières. « Les écoutes téléphoniques constituent bien souvent les principaux éléments permettant d’étayer les enquêtes publiées sur les problèmes de corruption ou le crime organisé. On ne peut pas exiger d’un côté que la presse apporte les preuves de ce qu’elle avance et de l'autre, lui interdire de les fournir à ses lecteurs. Cette loi n’a pour but que d’empêcher de facto toute investigation. Il est évident que la justice italienne est seule habilitée à se prononcer sur les dossiers judiciaires. Mais l’expérience a démontré que ‘’l’aide de la presse’’ dans ce domaine était souvent la bienvenue », a poursuivi l’organisation. « Nous rappelons que les journalistes ne sont responsables ni du contenu de ces écoutes ni des scandales qu’elles permettent de mettre en évidence. Leur publication in extenso dans les médias ne relève pas de la diffamation mais de l’intérêt public. Le montant de l’amende est totalement disproportionné et s’apparente à une censure économique. Combien d’organes de presse oseraient encore se risquer à ce type d’enquête en face d’un tel couperet financier ? », a conclu Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016