Dawn, le plus ancien journal pakistanais, interdit de distribution
Depuis la parution d’une interview de l’ancien Premier ministre pakistanais dans les pages du quotidien Dawn, la distribution du célèbre journal est bloquée dans la majorité du pays. Reporters sans frontières (RSF) condamne cette nouvelle attaque contre la liberté de la presse.
Depuis le 15 mai, il est impossible dans certaines régions du Pakistan de se procurer le plus ancien journal pakistanais, Dawn. Selon les informations de RSF, le quotidien anglophone a été arbitrairement interdit de distribution dans les zones de cantonnement de l’armée au Punjab, dans la majorité de la province du Baloutchistan et dans de nombreuses villes du Sindh. Le rédacteur en chef de Dawn a été notifié par le Conseil de presse que le journal avait enfreint le code déontologique, pour avoir publié un contenu “susceptible de discréditer le Pakistan ou son peuple ou de nuire à sa souveraineté et son intégrité en tant que pays indépendant.” Une interview de l’ancien Premier ministre Nawaz Sharif publiée dans l’édition du 12 mai aurait en effet fortement déplu à l’armée pakistanaise.
“Une fois encore, le blocage injustifié de la distribution de l’un des principaux journaux indépendants du Pakistan nous prouve la volonté des militaires à maintenir leur emprise sur l’accès à l’information dans le pays, déclare RSF. Il est évident que l’état-major n’entend pas autoriser un débat démocratique, à quelques mois des élections générales. Nous appelons les autorités à cesser d’interférer dans la diffusion de médias indépendants et à rétablir la distribution du journal Dawn sur l’ensemble du territoire pakistanais.”
En avril dernier, les autorités militaires étaient également pointées du doigt pour avoir ordonné de manière informelle aux opérateurs de câble de suspendre la diffusion des chaînes de suspendre la diffusion des chaînes de Geo TV dans la majeure partie du pays. L’une des raisons de ce blocage était également le temps d’antenne accordé à l’ancien Premier ministre Nawaz Sharif, destitué en juillet 2017 par la Cour suprême à la suite d’une affaire de corruption.
Le Pakistan se situe en 139e position sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2018 que RSF vient de publier.