Cameroun : Une lueur d’espoir dans le procès du correspondant RFI Ahmed Abba ?

Reporters sans frontières (RSF) maintient son appel à la relaxe du correspondant camerounais de Radio France Internationale (RFI) en langue haoussa, Ahmed Abba, alors que le tribunal militaire de Yaoundé a rejeté, le 19 octobre 2016, sa demande de libération. Toutefois, lors de cette audience, certains signes encourageants ont ravivé l’espoir de sa libération.

Le 19 octobre s’est tenue au tribunal militaire de Yaoundé une nouvelle audience dans le procès du correspondant de Radio France Internationale (RFI) en langue haoussa au Cameroun, Ahmed Abba. L’issue de cette audience avait été annoncée comme cruciale par Reporters sans frontières (RSF) car elle devait décider soit de la poursuite du procès et de l’étude du dossier dans le fond, soit de la relaxe et de la libération du journaliste incarcéré depuis le 30 juillet 2015.


Si l’abandon des charges à l’encontre du journaliste a été rejeté, la majorité des demandes formulées par ses avocats ont reçu l’assentiment du tribunal militaire. Ce dernier a en effet jugé non recevable le document d’expertise présenté, produit sur la base de preuves qui n’avaient jamais été mises sous scellé. Le tribunal militaire a aussi mis en cause la qualité d’”expert en cybercriminalité” de Ben Bidjocka, auteur du rapport et témoin que l’accusation avait présenté plus tôt dans le procès lorsqu’elle n’avait pas pu présenter sa liste de témoins. A cela ajoutées plusieurs irrégularités dans la procédure, le président du tribunal a finalement demandé la convocation de deux nouveaux experts en charge de la rédaction d’un nouveau rapport d’expertise.


“Le fait que le tribunal militaire a accédé à la majorité des demandes de Me Tchoungang et Me Nakong est une avancée encourageante dans le procès d’Ahmed Abba, déclare Virginie Dangles, rédactrice en chef de RSF. Le tribunal a ainsi admis que ce procès était entaché de nombreux vices de procédures. A ce titre, Ahmed Abba ne devrait pas être derrière les barreaux, nous demandons une nouvelle fois l’abandon des charges qui pèsent contre lui.”


Poursuivi pour “complicité d’actes de terrorisme” et “non-dénonciation d’actes de terrorisme”, il est accusé d’avoir entretenu des liens avec des membres du groupe islamiste Boko Haram dans le cadre de son travail journalistique et encourt la peine de mort. La prochaine audience a été fixée au 7 décembre 2016.


Le Cameroun est classé 126ème sur 180 pays au Classement 2016 de la liberté de la presse établi par RSF.

Publié le
Updated on 21.10.2016