Cameroun : RSF condamne l’agression au couteau d’un célèbre journaliste

Reporters sans frontières (RSF) dénonce fermement l’attaque à l’arme blanche dont a été victime un journaliste d’investigation à la sortie de son domicile ce jeudi matin et demande l’ouverture d’une enquête sérieuse et indépendante pour en retrouver les auteurs.

Paul Chouta, journaliste en charge des enquêtes pour CameroonWeb, site d’information le plus visité du pays, a été violemment agressé à coups de couteau ce jeudi 31 janvier par trois individus non identifiés alors qu’il sortait de sa maison à Yaoundé, la capitale du Cameroun. Le journaliste qui souffre de plusieurs blessures à la tête, aux mains et aux pieds “n’a eu la vie sauve que grâce à l’intervention de ses voisins qui l’ont immédiatement évacué à l’hôpital pour les premiers soins” écrit sa rédaction dans un communiqué transmis à RSF.


Connu pour ses enquêtes et ses interviews en direct sur Facebook, réseau sur lequel il compte plus 54 000 followers, Paul Chouta est régulièrement l’objet de menaces et de commentaires haineux. “Il a été obligé de déménager pour des raisons de sécurité en marge de l’élection présidentielle d’octobre dernier et il reste très exposé car ses reportages font régulièrement le tour du web” raconte son rédacteur en chef, Emmanuel Vitus, joint par RSF.


“Nous condamnons cette agression préméditée au cours de laquelle ce journaliste aurait pu perdre la vie sans l’intervention courageuse de ses voisins, déclare Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Nous appelons les autorités camerounaises à ouvrir une enquête sérieuse et impartiale, sans exclure la piste professionnelle. Leur devoir est de protéger les journalistes et de créer des conditions favorables à l’exercice de leur métier dans un contexte politique mouvementé où le pays a plus que jamais besoin de ses professionnels de l’information”.


Cette agression survient alors que RSF se mobilise pour demander la libération des journalistes du grand quotidien privé Le Jour, Théodore Tchopa et David Eyengue, détenus depuis lundi soir alors qu’ils couvraient un rassemblement de l’opposition qui conteste la réélection du président Paul Biya pour un septième mandat. Plus de 48 heures après le début de leur détention ces deux reporters font désormais partie des journalistes emprisonnés recensés par le baromètre des violations de la liberté de la presse de notre organisation. Ils rejoignent Amadou Vamoulké, l’ancien directeur de la CRTV, en prison depuis plus de deux ans et demi. La 17e audience de son procès kafkaïen aura lieu le 1er mars prochain.


Le Cameroun occupe la 129e place du Classement mondial de la liberté de la presse 2018 établi par RSF.  

Publié le
Updated on 31.01.2019