Cameroun : les pressions s’accentuent pour demander la libération d’Amadou Vamoulké
Reporters sans frontières (RSF) a participé à une conférence de presse abritée pour la première fois par l'Assemblée nationale française pour demander la libération immédiate de l’ancien dirigeant de la radiotélévision publique camerounaise, détenu arbitrairement depuis plus de deux ans et demi.
A 7000 kilomètres de Yaoundé où l’ancien dirigeant de la Cameroon Radio Télévision (CRTV) Amadou Vamoulké, doit comparaître pour la 17e fois le 1er mars prochain devant le tribunal criminel spécial (TCS), l’Assemblée nationale française a pour la première fois abrité une conférence de presse à laquelle RSF et plusieurs députés ont participé ce mardi 19 février pour demander la libération immédiate du journaliste camerounais. Incarcéré depuis plus de 30 mois, l’ancien patron de la radiotélévision publique camerounaise est poursuivi pour détournements de fonds, près de 6 millions d’euros, au seul profit du média qu’il a dirigé entre 2005 et 2016.
Le 31 janvier 2019, neuf parlementaires français issus de sensibilités politiques différentes avaient envoyé une lettre au président Emmanuel Macron et au ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian pour leur demander d’utiliser “leurs relations diplomatiques privilégiées afin d’assurer la réhabilitation et la libération la plus rapide possible” du journaliste. Dans sa réponse datée du 5 février, le Quai d’Orsay estime que “l’accusation n’a pas apporté de preuve de la pertinence de son action” et assure qu’il suivra "avec la plus grande attention" les conclusions du groupe de travail sur la détention arbitraire de l’ONU saisi par RSF le 16 janvier dernier.
“Après plus de deux ans et demi de détention provisoire, le caractère arbitraire et politique de la détention de ce journaliste ne fait aucun doute et les soutiens pour demander sa libération dépassent largement les frontières du Cameroun, déclare Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Notre organisation est déterminée à poursuivre et accentuer la mobilisation pour que cette cabale judiciaire prenne fin. Amadou Vamoulké est unanimement salué par ses pairs pour sa défense d’un journalisme éthique et indépendant. Il n’a rien à faire en prison”.
Au cours des seize audiences, dont la plupart n’ont duré qu’une poignée de minutes, l’accusation n’a fourni aucune preuve. L’enquête publiée par RSF en novembre dernier avait au contraire souligné les qualités de gestionnaire et l’indépendance éditoriale promue par Amadou Vamoulké lorsqu’il dirigeait la CRTV.
Lors de la conférence de presse organisée à l’Assemblée nationale française, les députés Sébastien Nadot et Eric Coquerel ont annoncé leur intention de solliciter un rendez-vous auprès de la présidence de la République et du ministère des Affaires étrangères pour évoquer la situation du journaliste. Ils n’excluent pas d’envoyer une délégation parlementaire au Cameroun par la suite.
Le Cameroun occupe la 129e place du Classement mondial de la liberté de la presse 2018 établi par RSF.