Cameroun : le correspondant de RFI toujours derrière les barreaux après un nouveau report de son procès

Trois minutes: c’est le temps qu’a duré la dernière audience du procès d’Ahmed Abba, le correspondant en langue haoussa de Radio France Internationale (RFI) dans le nord du Cameroun, qui reste en détention jusqu’au 8 février, date de la reprise de son procès.


A peine commencée, l’audience du Tribunal militaire de Yaoundé ce 2 février a été ajournée pour cause d’absence du juge principal, selon l’un des trois juges militaires qui composent le tribunal. Officiellement, ce juge, un civil, est en déplacement, ce qui a provoqué le report du procès au 8 février prochain. Ouvert plusieurs mois après l’arrestation du journaliste, ce procès a déjà été ajourné à de multiple reprises pour des raisons diverses: impossibilité de produire des témoins à charge, rejet de la compétence des experts ou encore délais non respectés.


Ahmed Abba est poursuivi pour complicité d’actes de terrorisme et non-dénonciation de terrorisme, un crime nouvellement créé par la loi anti-terroriste de 2014 et pour lequel le journaliste est maintenu en détention depuis plus d’un an et demi sans avoir été jugé.


« Toutes les personnes qui ont eu accès au dossier de l’accusation assurent que ce dernier est vide, déclare Cléa Kah-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières (RSF). Le report constant des audiences, le maintien en détention depuis plus d’un an et demi d’Ahmed Abba équivaut à de la torture psychologique. RSF demande aux autorités camerounaises de permettre au journaliste de comparaître libre et d’examiner au plus vite son dossier sur le fond, ce qui permettra de reconnaître publiquement l’innocence d’Ahmed Abba. »


L’audience d’aujourd’hui devait examiner les rapports d’expertise fondés sur les éléments saisis au domicile du journaliste. L’un de ses avocats, Maître Nakong a dénoncé ces rapports établis de façon unilatérale par l’accusation.


Selon des observateurs sur place, Ahmed Abba est apparu affaibli. La veille, le journaliste, victime d’un malaise, a passé la journée à l’infirmerie de la prison centrale.


Deux autres journalistes et un professeur d’université sont poursuivis pour des faits similaires depuis octobre 2014 mais comparaissent libres.


Le Cameroun occupe la 126ème place sur 180 pays au Classement 2016 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.







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Mise à jour le 02.02.2017