Cambodge : le journaliste Sok Oudom condamné à la prison pour avoir diffusé une vidéo

Le directeur d’une radio et d’un site d’information, arrêté en mai après avoir diffusé une vidéo sur un conflit foncier entre l’armée et des villageois, a été condamné à 20 mois de prison. Reporters sans frontières (RSF) demande l’annulation de cette décision et sa libération.

La sentence est tombée : après avoir été arrêté le 13 mai et avoir passé plus de 220 jours en détention, le journaliste et directeur de la radio et du site d’information Rithysen Sok Oudom a été condamné à 20 mois de prison et à une amende équivalent à plus de 4 000 euros. A la suite de la plainte de l’officier militaire Nou Samreth, il a été reconnu coupable d’avoir “incité des villageois au chaos”, alors qu’en réalité il avait seulement diffusé le 12 mai, en live sur Facebook, une vidéo montrant ces villageois tentant de défendre un espace naturel protégé convoité par l’armée. Le plaignant et deux témoins affirmant détenir des preuves contre lui n’ont pas assisté au procès. L’avocat de Sok Oudom compte faire appel.


Prétextant que le journaliste avait exagéré les faits, le ministère de l’Information avait, à la suite de son arrestation, suspendu la licence de la radio et bloqué le site internet qu’il dirigeait. Pourtant, comme lui, une dizaine de journalistes au moins avaient enquêté sur le sujet sans être inquiétés.


“La détention prolongée puis la condamnation sans preuves de Sok Oudom sont aberrantes et ne visent qu’à intimider les journalistes cambodgiens qui travaillent en toute indépendance, affirme Daniel Bastard, responsable du Bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. Sok Oudom a déjà passé trop de temps derrière les barreaux. Nous appelons les juges à accepter sa demande d’appel et à revenir sur cette condamnation infondée, qui entrave une fois de plus le travail de la presse libre au Cambodge.”


Si le jugement est maintenu, Sok Oudom sera le troisième journaliste cambodgien à être envoyé en prison cette année. 


Le pays détient la 144e position sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2020.

Publié le
Updated on 28.12.2020