Bélarus : RSF interpelle l’Union européenne après l’arrestation arbitraire de 14 journalistes

A l’approche de la présidentielle, les autorités biélorusses empêchent par tous les moyens des reporters de couvrir les rassemblements en faveur de candidats d’opposition. Reporters sans frontières (RSF) dénonce l’arrestation de plus d’une dizaine d’entre eux.

Plusieurs journalistes avaient déjà été arrêtés depuis le début de la campagne électorale au Bélarus. Mais c’est la première fois qu’ils sont visés par des policiers en dépit d’accréditations valides. Frappés et menottés au moment de leur arrestation filmée samedi 20 juin, le correspondant Aliaxandr Pazniak a été condamné hier à une amende de 810 roubles biélorusses (environ 300 €) pour résistance à la police et participation à une manifestation illégale, et le caméraman Siarhei Bahrou à 15 jours de prison. Ils couvraient une manifestation à Gantsavichsky pour le journal local et site indépendant Gantsavichsky Chas. Un journaliste pigiste de Babrouïsk, Siarzhuk Latsinsky, a lui écopé de 10 jours de prison, également pour participation à une manifestation illégale.


Date limite pour la collecte de parrainages pour se présenter à l’élection présidentielle du 9 août prochain, la soirée de vendredi a été marquée, dans la capitale, Minsk, et plusieurs autres villes, par l’arrestation arbitraire de plus de 270 personnes, dont au moins 14 journalistes. Les policiers ont visé aussi bien des reporters pigistes que des représentants de médias indépendants ou étrangers, comme l’agence de presse Reuters, Radio Svaboda (le service de Radio Free Europe / Radio Liberty en biélorusse), la radio en exil Euroradio ou encore les sites d’information Tut.by et Onliner.by. L’internet mobile avait par ailleurs été coupé en amont des rassemblements, entravant le travail des journalistes.


“Alors qu’une mobilisation inédite en faveur des candidats d’opposition émerge, le pouvoir cherche à museler la presse, dénonce Jeanne Cavelier, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Les autorités biélorusses continuent d’annihiler tout pluralisme, politique comme journalistique. Alors que la présidente de la Commission européenne et le Premier ministre Roman Golovtchenko participaient, à la veille de ces arrestations, à un sommet entre les dirigeants de l'UE et ses six pays partenaires d'Europe orientale, nous demandons à Ursula von der Leyen, ainsi qu’au commissaire à la politique de voisinage Olivér Várhelyi, de conditionner toute négociation avec Minsk à l’arrêt du harcèlement des journalistes et à la libération de ceux encore en détention.”


Dirigé depuis 1994 par Alexandre Loukachenko, qui organise sa réélection tous les cinq ans dès le premier tour, le Bélarus occupe la 153e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2020 de RSF.

Publié le
Updated on 23.06.2020