Bélarus : cinq journalistes arrêtés en marge de rassemblements de soutien à un opposant
Cinq journalistes indépendants ont été interpellés en deux jours et quatre d’entre eux ont écopé d’une peine de prison. Reporters sans frontières (RSF) condamne ce harcèlement et appelle la communauté internationale à faire pression sur Minsk afin d’assurer le respect de la liberté de la presse à l’approche du scrutin présidentiel.
Les condamnations ont été prononcées l'une après l'autre, entre les 11 et 12 mai 2020. Au Bélarus, quatre reporters ont écopé de 10 à 21 jours de prison pour “participation à un rassemblement non-autorisé”. Les journalistes indépendants Mikhaïl Archynski, Alyaksandr Bourakou et le correspondant de la chaîne en exil Belsat TV Zmitser Loupatch ont été arrêtés le 8 mai après avoir couvert des événements organisés par le blogueur critique Siarhei Tikhanouski, depuis peu candidat à l’élection présidentielle prévue d’ici la fin de l’été. Également condamné à une amende de 460 euros environ pour avoir travaillé sans accréditation, Zmitser Lupach a été transporté d’urgence à l’hôpital après son procès en raison d’une crise hypertensive.
Arrêté le 9 mai, leur confrère de l’agence de presse BelaPAN Ales Asiptsou a subi le même sort. Son tort : avoir couvert à Babrouïsk, dans l’est du pays, une manifestation “anti-parade” organisée par l’opposant blogueur Tikhanouski, en marge du défilé officiel célébrant la victoire soviétique sur l’armée nazie en 1945. Le journaliste suit une grève de la faim depuis sa mise en détention. Le correspondant de Belsat TV Alyaksandr Barazenka a quant à lui été retenu le 9 mai par la police de la circulation sous prétexte d’un problème de plaque d’immatriculation, alors qu’il se rendait dans la même ville pour filmer “l’anti-parade”. Le journaliste affirme que son téléphone a cessé de fonctionner dès son arrestation, jusqu’à sa libération trois heures plus tard.
“Ce harcèlement ciblé, à l’approche de l’élection présidentielle, cherche de toute évidence à intimider les journalistes et entraver la diffusion d’informations relatives aux mouvements d’opposition dans le pays, dénonce la responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale, Jeanne Cavelier. Les condamnations passent outre l’article 34 de la loi sur les médias biélorusse, qui les autorise à couvrir des événements publics. Rien ne justifie le maintien en détention de ces journalistes, les poursuites contre eux doivent être abandonnées et le droit fondamental d’informer respecté.”
Outre les journalistes, l’association de défenseurs des droits humains Viasna comptabilise au moins 120 personnes arrêtées ou inculpées après des manifestations dans plusieurs villes pour demander la libération de Siarhei Tikhanouski, qui purge une peine de 15 jours de détention administrative.
Dirigé depuis 1994 par Alexandre Loukachenko, qui organise sa réélection tous les cinq ans dès le premier tour, le Bélarus occupe la 153e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2020 de RSF.