Bélarus : RSF demande à l’ONU de condamner la répression des journalistes et les entraves à la liberté d’informer

Reporters sans frontières (RSF) saisit les Nations unies pour demander la condamnation de la répression violente et sans précédent des journalistes et de la censure de l’information depuis la réélection contestée du président Alexandre Loukachenko au Bélarus.

La répression implacable des journalistes au Bélarus a amené RSF à saisir, le 22 octobre, les rapporteurs spéciaux de l’ONU sur la liberté d’opinion et d’expression, sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et sur la situation des droits de l’homme au Bélarus. RSF demande aux experts des droits humains des Nations unies de tout mettre en œuvre auprès des autorités de ce pays pour garantir que l’ensemble des abus contre les journalistes et les médias, et des entraves à la liberté d’information cessent immédiatement. RSF appelle également l’ONU à s’assurer que toutes les violations des droits des journalistes fassent l'objet d’enquêtes sérieuses et impartiales, y compris au plan international, et que les responsables soient poursuivis conformément aux normes internationales.


Le président sortant, Alexandre Loukachenko, a été réélu le 9 août dernier avec 80 % des voix, lors d’un scrutin entaché de fraudes et dénoncé, entre autres, par l’Union européenne. Depuis, les journalistes - dont le correspondant de RSF Ilya Kouzniatsou - et les médias ont été activement et délibérément la cible de violences et de persécutions de la part des autorités du Bélarus, dans le but, notamment, d’entraver la collecte et la diffusion d’informations sur les grandes manifestations populaires qui ont suivi ces résultats contestés. 


“Depuis plus de trois mois, les autorités du Bélarus répriment violemment et sans relâche la liberté de l’information, alors que le pays vit un moment clé pour la démocratie et l’Etat de droit, s’inquiète le responsable juridique de RSF, Paul Coppin. Il est impératif que l’ONU mette tout en œuvre pour s’assurer que les journalistes puissent couvrir librement, sans entrave et en toute sécurité les manifestations à venir et tous les événements d’intérêt public.” 


Plusieurs enquêtes de RSF ont fait état des multiples formes de cette répression : interpellations et incarcérations massives et arbitraires, détentions prolongées, passages à tabac, expulsions et retraits d’accréditation de journalistes, mais aussi coupures d’internet et restrictions d’accès à des sites d’information et services de messageries électroniques… Depuis l'élection présidentielle, RSF a recensé plus de 350 cas de violations des droits des journalistes, dont 290 détentions, et l’Association biélorusse des journalistes (BAJ) a dénombré plus de 50 cas de violence. S’y sont ajoutées, depuis le début du mois d’octobre, pas moins de 87 nouvelles violations des droits des journalistes - principalement des arrestations et des détentions. A ce jour, sept journalistes sont toujours emprisonnés. 


Dirigé par Alexandre Loukachenko depuis 1994, le Bélarus occupe la 153e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2020 de RSF.

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Mise à jour le 22.10.2020