Bangladesh : un blogueur sauvagement abattu pour ses appels à la tolérance religieuse
Chantre de la libre-pensée, Shahjahan Bachchu faisait depuis plusieurs années l’objet de menaces de la part d’extrémistes islamistes. Reporters sans frontières (RSF) appellent les autorités bangladaise à tout faire pour retrouver les commanditaires de ce meurtre, et d’assurer la protection des blogueurs et journalistes laïcs du pays.
Le blogueur, qui était également rédacteur en chef de l’hebdomadaire Amader Bikrampur, était célèbre pour être un libre-penseur farouchement attaché à son indépendance d’esprit, notamment sur les questions de religion. Passionné de poésie, ses textes sur la tolérance religieuse et sur l’athéisme en ont fait une cible privilégiée des groupes jihadistes et des fondamentalistes musulmans. Depuis plusieurs années, il recevaient de nombreuses menaces de mort de la part d’extrémistes sunnites, ce qui l’obligeait à changer régulièrement de domicile.
“Avec cet acte de barbarie, c’est à nouveau la libre-pensée qu’on assassine, déplore Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Le nom de Shahzahan Bachchu vient s’ajouter à une longue liste de journalistes et blogueurs dits ‘laïcs’ tués parce qu’ils prônaient la tolérance religieuse. La culture de l’impunité qui entoure ces crimes doit cesser une bonne fois pour toute. Nous appelons le gouvernement de Sheikh Hasina à tout faire pour retrouver les auteurs et les commanditaires de ces crimes. Les autorités doivent aussi mettre en place un mécanisme de protection des blogueurs menacés de mort comme l’était Shahzahan Bachchu.”
Enquêtes au point mort
Pour la seule année 2015, quatre blogueurs ont été assassinés par des groupes fondamentalistes. Le fondateur du site d’information Mukto-mona, Avijit Roy, le blogueur Washiqur Rahman, le journaliste-citoyen Ananta Bijoy Das et le net-reporter Niloy Neel, étaient tous connus pour leurs articles en faveur de la tolérance, de la liberté d’expression et de pensée. Le 6 avril 2016, c’est le jeune journaliste-citoyen Nazim Uddin Samad qui a été abattu pour ses écrits en faveur de la laïcité.
Au total, depuis une décennie, une dizaine de blogueurs ont été tués par des groupes jihadistes ou fondamentalistes, tandis que beaucoup d’autres se sont résolus à fuire le pays et partir en exil. Les enquêtes menées par la police n’ont menées à aucune arrestation sérieuse et restent au point mort.
Le Bangladesh occupe la 146ème place sur 180 dans le Classement mondial pour la liberté de la presse 2017 établi par RSF.