Bangladesh : accusé de “diffamer l’islam”, un blogueur est menacé de mort

Pour avoir pris position contre le gouvernement, le blogueur bangladais Asaduzzaman Noor fait l’objet d’une énième campagne de haine alimentée en haut lieu. Reporters sans frontières (RSF) dénonce les actes d’intimidation des autorités envers sa famille et demande l’abandon des charges qui pèsent contre lui.

Cela fait plus de six ans que le blogueur Asaduzzaman Noor se cache pour tenter d’échapper aux groupes fondamentalistes qui le menacent. Dernier acte d’accusation en date : au titre de la loi sur la sécurité numérique, il est traqué par la police depuis qu’il a diffusé, lundi 13 juillet, des vidéos à rebours de la propagande gouvernementale contre un moine bouddhiste qui s’était opposé à l’appropriation illégale d’un temple. Pour avoir pris sa défense et celle de 10 Minute School, une plateforme éducative pro-LGBT menacée par la branche locale d’Al-Qaïda, le blogueur, plus connu sous le diminutif d’Asad Noor, est accusé de “diffamer l’islam” et se voit victime d’un déferlement de haine. 


Appelant à sa pendaison et à celle du moine, un proche du gouvernement a enjoint les islamistes de Chittagong, ville du sud-est où se situe le temple en question, à descendre dans la rue, le 17 juillet, pour réclamer leur arrestation. En réaction au climat d’insécurité créé par ce rassemblement, certains membres de la communauté bouddhiste ont alors formé une chaîne humaine autour du Club de la presse local. Le lendemain, plusieurs membres de la famille d’Asad Noor, qui ont vu leur domicile forcé par la police à Amtoly (district de Barguna), ont été enlevés et détenus pendant 48 heures.

 

“RSF exige l’abandon immédiat des charges qui pèsent contre Asad Noor et exhorte le gouvernement à lui restituer son passeport, déclare Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Après plus de six ans de persécution, il est grand temps que les autorités fassent cesser cet acharnement envers le blogueur et son entourage, sans quoi nous les tiendrons pour responsables de tout ce qui pourrait leur arriver.”

 

Fin 2017, le jeune Bangladais, alors âgé de 25 ans, avait été arrêté au même motif d’avoir “heurté des croyances religieuses” pour ses propos sur Facebook et YouTube. Libéré une première fois en août 2018, puis à nouveau incarcéré sous la pression de groupes islamistes radicaux, il avait finalement été libéré en janvier 2019, mais son passeport lui avait été confisqué par le gouvernement. Persécuté et craignant pour sa vie, Asad Noor, désormais sans papiers, vit caché entre l’Inde et le Bangladesh.

 

Le Bangladesh se situe actuellement à la 150e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

 

Publié le
Mise à jour le 28.07.2020