Azerbaïdjan : le journaliste Polad Aslanov risque la prison à perpétuité

Accusé de “haute trahison”, Polad Aslanov risque la prison à perpétuité en Azerbaïdjan. Reporters sans frontières (RSF) dénonce de nouvelles accusations, montées de toutes pièces, pour faire taire un journaliste enquêtant sur la corruption.

La prison à vie : c’est ce que risque le journaliste azerbaïdjanais Polad Aslanov, accusé de “haute trahison” et placé en détention provisoire le 14 juin 2019. Le rédacteur en chef des sites d’information Xeberman et Press-az avait été arrêté deux jours plus tôt, alors qu’il se rendait en Iran avec sa femme et sa fille. Les forces de sécurité ont ensuite perquisitionné son domicile et celui de sa mère, confisquant notamment une caméra et son matériel informatique.

Le Service de Sécurité de l’Etat (DTX) accuse Polad Aslanov d’avoir livré des informations sensibles à une puissance étrangère, d’avoir discrédité l’Etat dans ses publications et mis en relation des journalistes azerbaïdjanais avec des services de renseignement étrangers. Des accusations niées en bloc par Polad Aslanov, qui se dit victime de représailles liées à ses activités professionnelles. Le journaliste, qui couvrait souvent les questions de corruption, travaillait à une enquête mettant en cause des responsables du DTX dans une affaire d’extorsion de fonds.

Tout porte à croire que Polad Aslanov est la dernière victime en date de la persécution incessante des voix critiques en Azerbaïdjan, dénonce Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Nous demandons sa remise en liberté immédiate, tout comme celle des six autres journalistes injustement incarcérés dans le pays.

L’avocat de Polad Aslanov a pu lui rendre visite le 14 juin, mais n’a pas été autorisé à lui parler seul à seul. Son épouse rapporte que le journaliste, déclaré inapte au service militaire, avait finalement été appelé sous les drapeaux en 2018, à l’âge de 29 ans, peu après ses premières publications critiques.

Polad Aslanov a été arrêté le jour même de la condamnation à cinq ans et demi de prison d’un autre journaliste, Ikram Rahimov. Aucune preuve convaincante n’a pourtant été produite pour étayer l’accusation de “détournement de fonds”. Le rédacteur en chef de Realliq.info avait été arrêté en octobre 2018, juste après avoir publié une lettre ouverte dénonçant le soutien financier accordé aux médias “loyaux” par le chef de l’administration présidentielle Ali Hasanov.


L'Azerbaïdjan occupe la 166e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2019, publié par RSF. Les principaux médias critiques ont été réduits au silence ou à l’exil, les principaux sites d’information indépendants sont bloqués et pas moins de sept journalistes sont actuellement emprisonnés.

Publié le
Updated on 21.06.2019