Azerbaïdjan : deux parents de Ganimat Zahid condamnés arbitrairement à 6 ans de prison

Deux parents du célèbre journaliste azerbaïdjanais Ganimat Zahid ont été condamnés hier à 6 ans de prison ferme sur un chef d’accusation fallacieux. Une des méthodes habituelles dont use le régime autocratique d’Ilham Aliev pour tenter d’imposer le silence aux voix critiques. Malgré de récentes libérations médiatiques, le harcèlement des journalistes indépendants ne faiblit pas en Azerbaïdjan.

Le 28 juin 2016, Rovchan et Roufat Zahidov ont été condamnés à 6 ans de prison ferme pour “possession de drogue”. Il s’agit respectivement d’un cousin et d’un neveu éloignés de Ganimat Zahid, fondateur de l’émission de télévision Azerbaycan Saati et rédacteur en chef du quotidien Azadlig. Piégés par des agents de police, les deux jeunes hommes ont passé près d’un an en détention provisoire avant d’être jugés.

Le cas est loin d’être isolé. Lorsqu’elles ne peuvent plus s’en prendre directement aux journalistes indépendants, opposants et défenseurs des droits de l’homme poussés à l’exil, les autorités exercent toutes sortes de pressions judiciaires, financières ou sociales contre les membres de leurs familles restés au pays. Reporters sans frontières (RSF) documente et dénonce ces procédés depuis des années.


“Nous nous attendions à cette sentence, voire même à pire, a déclaré Ganimat Zahid. Il n’y a ici rien d’étonnant, nous sommes habitués à cet arbitraire administratif. Je qualifie personnellement cette tendance de ‘terreur d’Etat’, et celle-ci a commencé bien avant le procès de mes proches. Cela fait malheureusement bien longtemps que le gouvernement a adopté cette tactique. Apparemment, en sus de mes activités journalistiques, il me faudra désormais [...] lancer une large discussion internationale sur le thème de la terreur d’Etat en Azerbaïdjan. Le terme de terreur nous semble parfaitement approprié lorsque des gens sont pris en otage par vengeance contre des tiers ou contre la société toute entière.”


“Le régime d’Ilham Aliev continue à mener une véritable guerre contre la presse libre, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Si Bakou libère au compte-gouttes certains journalistes célèbres, il continue d’en arrêter d’autres en toute discrétion, sans rien changer à la cruauté de son système répressif. Il est essentiel que la communauté internationale reste mobilisée et exige la restauration du pluralisme et la fin du règne de l’arbitraire en Azerbaïdjan.”


L’Azerbaïdjan occupe la 163e place sur 180 dans le Classement 2016 de la liberté de la presse, publié par RSF.

Publié le
Mise à jour le 30.06.2016

Europe - Asie centrale

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