Azerbaïdjan : 16 ans après l’assassinat du journaliste Elmar Huseynov, RSF demande un réexamen de l’affaire

Après la publication de nouveaux éléments faisant état d’erreurs et d’obstruction dans l’investigation sur la mort du rédacteur en chef de Monitor, il y a 16 ans jour pour jour, Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités azerbaïdjanaises à réexaminer ce dossier.

C’était il y a 16 ans. Le 2 mars 2005 à Bakou, le rédacteur en chef de Monitor, Elmar Huseynov, était froidement assassiné de sept tirs de pistolet alors qu’il entrait dans son immeuble. Célèbre pour ses enquêtes pointues et ses critiques acerbes du pouvoir, il était régulièrement menacé de mort et avait été condamné à plusieurs reprises après la publication d’enquêtes mettant en cause d’importantes personnalités politiques, voire même des membres de la famille du président actuel Ilham Aliyev, intronisé en 2003. 


En ce jour anniversaire, le consortium de journalistes d’enquête Organized Crime and Corruption Reporting Projet (OCCRP) publie un rapport faisant état de nouveaux éléments, et constate diverses obstructions et de multiples erreurs commises par les services de police et l’appareil judiciaire azerbaïdjanais lors de l’enquête. Ainsi, plusieurs preuves ont été altérées avant l’arrivée des policiers, et les policiers chargés de relever les preuves ne portaient pas de gants. De plus, l’un des suspects identifiés par la commission d’enquête et censé être poursuivi par les autorités azerbaïdjanaises, Teimuraz Alyev, vit librement en Géorgie où il a, selon les archives publiques, acheté des appartements à Tbilissi, la capitale, en mai et juin 2008. Un autre individu suspecté dans cette affaire vivrait également en Géorgie, tandis qu’un troisième a été arrêté et condamné à deux ans de prison en juillet 2006 pour avoir fourni des téléphones à ses complices.


A la lumière de ces nouvelles informations, nous demandons que l’affaire sur le meurtre d’Elmar Huseynov soit rééxaminée, et que les coupables soient jugés. Elles révèlent un problème récurrent dans les enquêtes sur les attaques de journalistes en Azerbaïdjan, où les coupables ne sont que très rarement poursuivis, dénonce la responsable du bureau Europe de l’Est et Asie Centrale, Jeanne Cavelier. RSF condamne le climat d’impunité en Azerbaïdjan, alimenté par le refus des autorités d’enquêter sérieusement le meurtre de journalistes.” 


Le journalisme indépendant est sévèrement réprimé en Azerbaïdjan, les autorités n’hésitant pas à fabriquer des accusations pour faire taire les voix critiques. En février dernier, le rédacteur en chef de Xeberman et de Press Az Polad Aslanov, accusé de “haute trahison” pour le compte de l’Iran, a vu son recours en appel refusé et a été condamné à rester en prison pour les 16 prochaines années. La plupart des médias critiques ont été réduits au silence ou à l’exil, les principaux sites d’information indépendants sont bloqués, et pas moins de trois journalistes sont actuellement emprisonnés dont Araz Guliyev depuis 2013 et Elchin Ismayilli depuis 2017.


L'Azerbaïdjan occupe la 168e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

Publié le
Mise à jour le 03.03.2021

Europe - Asie centrale

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