Alors que la journaliste Tawakkol Karman est libérée, les violations contre la liberté de la presse continuent

Reporters sans frontières salue la libération, le 24 janvier 2011, de la journaliste et militante, Tawakkol Karman, mais condamne son arrestation arbitraire le 22 janvier 2011 à Sanaa. La journaliste est accusée d'"incitation au désordre et au chaos" et d'"organisation de rassemblements et de marches non autorisés", après avoir organisé les manifestations exigeant des réformes politiques au Yémen, faisant écho au mouvement de protestation en Tunisie. Elle a été relâchée 36 heures plus tard à condition qu'elle ne contrevienne plus "à l'ordre et à la loi". Le 24 janvier au matin, des milliers de personnes ont participé à un sit-in de solidarité devant le Ministère public afin d'exiger la libération de cette figure emblématique du mouvement de revendication qui agite le Yémen depuis le début du mois. En outre, le 24 janvier, les forces de sécurité yéménites ont arrêté le correspondant du journal émirati Al-Ittihad, Aqil Al-Halali, pour avoir couvert une marche organisée à Sanaa en solidarité avec Tawakkol Karman. Il a été interrogé pendant une demie heure avant d'être relâché. Le numéro du journal Akhbar Aden, daté du 24 janvier 2011, a été saisi du fait de sa couverture des affrontements entre manifestants exigeant la séparation du Sud-Yémen et la police, dans la ville de Khormaksar (gouvernorat d'Aden). Selon son rédacteur en chef, la justification officielle de cette saisie était que cette édition contenait des slogans séparatistes. Reporters sans frontières rappelle que, le 22 janvier, les forces de sécurité avaient arrêté à Aden (sud Yémen) Abdel Khaliq Al-Hawad, collaborateur de ce même journal, alors qu’il tentait de couvrir la manifestation organisée par le parti d’opposition et des organisations de la société civile pour protester contre les arrestations et le siège de la ville de Ridfan par l’armée. ----- 23.01.2011 - Arrestation de la journaliste et militante Tawakkol Karman Reporters sans frontières condamne l’arrestation, le 22 janvier 2011 à Sanaa, de la journaliste et militante, Tawakkol Karman, responsable de l’association Women Journalists Without Chains. D’après sa famille, elle aurait été transférée à la prison centrale de Sanaa. On ignore les raisons exactes de son arrestation. L’organisation exige sa libération immédiate. Cette arrestation fait cependant suite aux manifestations organisées dans l’après-midi du 22 janvier, dans la capitale yéménite. Manifestations qui font écho au mouvement de protestation en Tunisie, qui a été conduit à la chute du régime Ben Ali le 14 janvier dernier. Les manifestants exigent que d’importantes réformes politiques soient mises en œuvre par les autorités. Au cours de ces manifestations, une vingtaine de personnes auraient été arrêtées. Tawakkol Karman, une des figures emblématiques de ce mouvement de revendication qui agite le pays depuis une dizaine de jours, a été arrêtée dans la nuit, en pleine rue par des policiers en civil, alors qu’elle rentrait à son domicile en compagnie de son mari. Le 23 janvier au matin, plus de deux cent journalistes ont organisé une march, afin d’exiger la libération de l’ensemble des personnes arrêtées. Partis des locaux du Syndicat des journalistes, ils se sont dirigés vers des bureaux du parquet. Par ailleurs, un cameraman de la chaîne satellitaire Al-Arabiya a été brièvement interpelé, le 23 janvier, alors qu’il filmait les manifestations d’étudiants devant l’université de Sanaa en train d’être dispersées par les forces de l’ordre. Un confrère de la chaîne Al-Jazeera a quant à lui été violenté. Ces manifestations font notamment suite à l’annonce des élections législatives en avril prochain, et à la possibilité d’une modification de la constitution permettant au Président de la République du Yémen, réélu en 2006 pour sept ans, de se maintenir au pouvoir. Ali Abdullah Saleh dirige le Yémen depuis la réunification du pays en 1990. Il était auparavant Président de la République arabe du Yémen (Yémen nord) depuis 1978. Depuis 2010, Ali Abdullah Saleh est considéré comme un des 40 prédateurs de la liberté de la presse par Reporters sans frontières. Le Yémen figure à la 170e place, sur 178, dans le classement de la liberté de la presse établi par l’organisation en 2010. En outre, le 22 janvier, les forces de sécurité ont arrêté à Aden (sud Yémen) Abdel Khaliq Al-Hawad, collaborateur au journal Akhbar Aden (Les nouvelles d’Aden), alors qu’il tentait de couvrir la manifestation organisée par le parti d’opposition et des organisations de la société civile pour protester contre les arrestations et le siège de la ville de Ridfan par l’armée. Le correspondant de la chaîne Al-Jazeera à Aden, Fadel Mubarak, a été menacé par le directeur de la sécurité de la province d’Abyan (province à l’est de celle de Aden) de voir son nom figurer sur la liste des personnes recherchées, s’il continuait à couvrir les événements dans le sud du pays. Reporters sans frontières rappelle que, le 18 janvier dernier, le journaliste et spécialiste du réseau Al-Qaïda, Ilah Haydar Shae, a été condamné à cinq ans de prison ferme par le tribunal chargé des affaires terroristes (http://fr.rsf.org/yemen-un-journaliste-condamne-a-cinq-ans-18-01-2011,39347.html).
Publié le
Mise à jour le 20.01.2016