Algérie : trois ans de prison ferme requis contre le journaliste Adlène Mellah

Reporters sans frontières (RSF) appelle à la libération immédiate du directeur de sites d’informations Adlène Mellah, et dénonce le harcèlement judiciaire dont il est victime.

Actualisation le 19 décembre 2018 : Trois ans de prison ferme pour "attroupement et rébellion lors d’une manifestation" ont été requis contre Adlène Mellah, dont le procès a été reporté au 25 décembre prochain. RSF dénonce des réquisitions disproportionnées.


Le directeur des médias en ligne Algérie Direct et Dzair Presse, Adlène Mellah, a été arrêté dans la soirée du 9 décembre 2018,  alors qu’il participait devant le théâtre national à Alger à une manifestation de soutien au chanteur Reda City 16, en détention depuis octobre dernier. Alors que plusieurs autres journalistes se trouvaient au même endroit et manifestaient pacifiquement à ses côtés, une vidéo montre qu’un agent de police se dirige directement vers lui et lui intime de le suivre. Aucun autre journaliste n’a été arrêté. L’éditeur de presse électronique a été présenté devant le procureur de la République ce mardi 11 décembre 2018 et sera jugé pour “organisation d’une manifestation interdite “ le 18 décembre prochain. Cette procédure s’ajoute à celle qui était déjà en cours : le journaliste doit aussi comparaître à partir du 7 février 2019, après avoir fait l’objet d’une première poursuite à la fin octobre.


C’est la deuxième fois en moins d’un mois et demi qu’Adlène Mellah est emprisonné. Il avait été remis en liberté conditionnelle le 22 novembre dernier, après avoir été initialement poursuivi pour «menace et chantage de divulgation d’informations attentatoires pour l’obtention de fonds», «atteinte à la vie privée» et «transmission de communications téléphoniques et de discussions privées et confidentielles» ainsi que «enregistrements et photos pris dans des lieux privés, gardés et mis à la portée du public sans autorisation ni consentement du concerné». Le journaliste et propriétaire de média en ligne avait également été placé sous contrôle judiciaire en juin 2018 pour “outrage à corps constitués” et “publication d’éléments visant à porter atteinte à l’unité nationale” après la publication par le site Algérie Direct d’une affaire de corruption et de trafic de drogue dans le port d’Oran impliquant les autorités.


“Cette nouvelle arrestation et procédure judiciaire abusive entamée contre Adlène Mellah confirme qu’il est véritablement victime d’un acharnement judiciaire, déclare Souhaieb Khayati, directeur du bureau Afrique du Nord de RSF. Nous demandons sa libération immédiate et appelons les autorités algériennes à tout mettre en oeuvre pour permettre aux journalistes de réaliser sereinement leur mission d’information alors que le pays se prépare à de nouvelles élections en 2019.”

Durant les derniers mois plusieurs journalistes, dont Adlène Mellah, ont été interpellés et poursuivis en justice par les autorités. Ces arrestations interviennent sur fond d’une crise politique que connaît l’Algérie pour la succession du pouvoir et avaient conduit RSF à s’adresser directement au président algérien, Abdelaziz Bouteflika en octobre dernier.


L’Algérie est située à la 136e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2018 de RSF.

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Mise à jour le 19.12.2018