Actes de censure et saisies de matériel de rédaction à l'approche des élections générales
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Reporters sans frontières proteste contre de récentes mesures destinées à museler la presse, rendues par des juridictions du District fédéral et de l'Etat du Minas Gerais (Sud-Est). Ces mesures interviennent à quelques semaines des élections générales, dont la présidentielle, du 1er octobre 2006.
“Que les révélations de la presse sur des candidats puissent influer notablement sur un scrutin, comme semble le croire le tribunal régional électoral de Brasilia, ne relève pas de la science exacte. Il n'appartient pas à la justice de trancher sur ce point, sauf à se reconnaître elle-même implicitement aux ordres de la classe politique. C'est aux citoyens de se prononcer en fonction des informations qu'ils ont le droit de recevoir”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 27 août 2006, le juge Roberval Casemiro Belinati, du tribunal régional électoral du District fédéral (Brasilia) a interdit à tous les médias représentés sur le territoire de sa juridiction de relater le contenu et même d'évoquer l'existence d'une conversation enregistrée entre deux hommes politiques. Le juge a accédé à la requête de l'un de ces derniers, Joaquim Roriz, ancien gouverneur du District fédéral (le District fédéral ayant un statut d'Etat) qui, dans sa conversation avec son avocat Eri Varela, candidat à la députation fédérale, critiquait en termes très durs le député José Roberto Arruda, donné favori pour l'élection au poste de gouverneur du District.
L'entretien a été rendu public sur le blog - hébergé sur le site du quotidien O Estado de São Paulo (“O Estadão”) - du journaliste Ricardo Noblat, qui l'avait retranscrit le matin même du jugement. Le soir du 27 août, un fonctionnaire de justice s'est présenté à la succursale de O Estadão à Brasilia pour transmettre l'interdiction de publier. Dans l'intervalle, le député Arruda a promis d'engager des poursuites contre son rival Joaquim Roriz. Dans les attendus de son jugement, le juge Belinati a considéré que la divulgation de cette conversation pouvait porter préjudice, au plan électoral, aux politiciens concernés.
Le 30 août, des policiers fédéraux ont fait irruption dans les locaux de l'hebdomadaire Hoje à Belo Horizonte (capitale du Minas Gerais) pour y saisir des ordinateurs et du matériel de rédaction. La directrice d' Hoje, Joseti Alves, a expliqué que l'hebdomadaire était poursuivi pour “crime électoral”, après avoir révélé des irrégularités de gestion de la part du député fédéral Carlos Melles, ancien ministre du Tourisme.
Enfin, au cours de la deuxième quinzaine du mois d'août à Ouro Preto (Minas Gerais), la Revista do Observatório Social a fait l'objet d'une saisie d'exemplaires non distribués d'un numéro paru le 9 février. Le numéro contenait un reportage, intitulé “L'Âge de pierre”, sur le travail des enfants dans les mines de talc de la région. Le 30 juin, la justice locale avait estimé que la publication avait violé la loi sur la protection des mineurs en publiant des photos d'enfants sans autorisation. Or, la même loi interdit également le travail des enfants.
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Updated on
20.01.2016