Reporters sans frontières dénonce le comportement inacceptable des autorités zimbabwéennes qui, après avoir enlevé et détenu au secret la journaliste et militante des droits de l'homme Jestina Mukoko (photo), l'accusent désormais de "complot terroriste visant à renverser le président Robert Mugabe". "Nous demandons aux autorités de remettre la journaliste en liberté et d'abandonner immédiatement toute poursuite", a déclaré l'organisation.
Reporters sans frontières dénonce le comportement inacceptable des autorités zimbabwéennes qui, après avoir enlevé et détenu au secret la journaliste et militante des droits de l'homme Jestina Mukoko, l'accusent désormais, avec plusieurs autres militants du parti d'opposition Movement for Democratic Change (MDC), de "complot terroriste visant à renverser le président Robert Mugabe". La journaliste risque une condamnation à la peine de mort.
“Les accusations portées contre Jestina Mukoko sont absurdes et sans fondement. Nous demandons aux autorités zimbabwéennes de remettre la journaliste en liberté et d'abandonner immédiatement toute poursuite. Après la récente série d'enlèvements, ces poursuites judiciaires visant les militants d'opposition s'apparentent à une cabale orchestrée par le gouvernement pour saboter l'accord de partage du pouvoir”, a déclaré l'organisation.
Escortés par la police zimbabwéenne, Jestina Mukoko et neuf autres militants des droits de l'homme ont été présentés devant un tribunal d'Harare, le 24 décembre 2008. Ils sont accusés d'avoir organisé le voyage au Botswana d'un policier zimbabwéen, qui devait y suivre un entraînement militaire en vue de renverser le président Mugabe. Leurs avocats n'ont pas été autorisés à les voir. Selon leurs défenseurs, les accusés risquent d'être condamnés à mort. Les dix militants sont toujours détenus à la prison de haute sécurité Chikurubi, malgré une décision de la Haute Cour, datée du 24 décembre, demandant leur transfert vers un hôpital. Ils ont été placés en détention provisoire jusqu'au 29 décembre.
L'ancienne animatrice de la Zimbabwe Broadcasting Corporation (ZBC), puis de la station privée Voice of The People (VOP), avait été enlevée à son domicile de Norton (40 km à l'ouest de la capitale Harare), le 3 décembre, vers 5 heures du matin, par quinze hommes en civil. Personne n'avait de ses nouvelles depuis lors. La police, qui niait savoir où se trouvait la journaliste, n'avait fait aucun commentaire.
Jestina Mukoko dirige l'organisation de défense des droits de l'homme "Zimbabwe Peace Project" (ZPP), qui a régulièrement rendu compte des violences politiques qui ont émaillé l'année 2008. En mars dernier, le ZANU-PF, parti du président Robert Mugabe, a été mis en échec au premier tour des élections législatives par le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de l'opposant Morgan Tsvangirai. Dans la foulée de ce premier tour, environ 200 partisans de Morgan Tsvangirai avaient trouvé la mort. Ne voulant pas s'avouer vaincu, le pouvoir a signé avec l'opposition, en septembre, un accord de partage du pouvoir, mais les deux camps ne parviennent pas encore à s'entendre, notamment sur la répartition des ministères clés. En décembre, après la vague d'enlèvements des militants de l'opposition, Morgan Tsvangirai a menacé de se retirer de l'accord de partage du pouvoir.