Abolition de la censure préalable : RSF entre satisfaction et prudence
Organisation :
Reporters sans frontières (RSF) se félicite de l’annonce par le Département de l’enregistrement et de la surveillance de la presse (PSRD) birman de l’abolition de la censure avant publication à compter du 20 août 2012. Si cette la décision d’ « autoriser les journaux dans la catégorie politique et religion » à publier sans envoyer au préalable leurs brouillons devait être effectivement appliquée, elle marquerait une rupture historique avec le contrôle de fer de l’Etat birman sur le contenu des informations publiées par la presse depuis un demi-siècle.
Reporters sans frontières exprime néanmoins sa prudence, en considérant en premier lieu que cette mesure devrait être élargie à l’ensemble des catégories de médias. L’organisation veillera à ce qu’aucune autre forme de censure, par des mesures inappropriées après publication, ne soit mise en œuvre. Reporters sans frontières souhaite également que la dissolution du PSRD, annoncée en octobre 2011, soit effectivement prononcée et réalisée au plus vite. Les dernières semaines prouvent l’attitude versatile, souvent répressive, du gouvernement birman vis-à-vis de la liberté de la presse.
Le 31 juillet, Tint Swe, dirigeant du PSRD, celui-la même qui vient d’annoncer l’abolition de la censure à l’AFP, avait convoqué les éditeurs de tous les hebdomadaires, afin de leur rappeler les règles fixées par la PSRD et la loi de 1962 sur les éditeurs et les imprimeurs. Ce jour-là, le “bureau de la censure” avait suspendu la publication des hebdomadaires The Voice et The Envoy, pour violation de l’ordonnance numéro 44 de 2011. La sanction a été entretemps levée.
Reporters sans frontières suivra avec attention l’élaboration du prochain projet de loi sur la presse, censé réguler les droits et devoirs des journalistes et établir un code de déontologie. Selon les annonces, la loi portera création d’un Conseil de la presse. Reporters sans frontières réclame que ce Conseil soit réellement indépendant du pouvoir. Les médias et les associations de journalistes devront être étroitement associés à la rédaction du texte.
Le 27 juin dernier, Reporters sans frontières remettait en main propre à la députée de la Ligue Nationale pour la Démocratie, Aung San Suu Kyi, en visite à Paris, un rapport sur la crise actuelle dans l’État d’Arakan. Par des moyens divers, les journalistes birmans comme leurs confrères étrangers ont été empêchés de travailler librement lors d’événements violents survenus dans cet Etat en juin.
Le 13 juin, Reporters sans frontières a reçu à son siège parisien la visite du blogueur et artiste Zarganar, à qui était remis à cette occasion le 17e prix Reporters sans frontières de la catégorie “Cyberdissidents”, dont il avait été lauréat en 2008. Arrêté le 4 juin 2008 après avoir témoigné pour des médias étrangers sur la mauvaise gestion et le silence coupable du gouvernement birman face aux dégâts humains et matériels causés par le cyclone Nargis, Zarganar avait été condamné à une peine de trente-cinq ans de prison, en vertu de la loi électronique.Le blogueur a été libéré le 12 octobre 2011 dans le cadre d’une "amnistie générale" décrétée par le gouvernement pour plusieurs prisonniers politiques.
Dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse publié chaque année par Reporters sans frontières, la Birmanie est classée parmi les pires pays de la planète en matière de liberté de la presse (169e sur 179).
Publié le
Updated on
20.01.2016