Abdallah Zouari, la fin d’un calvaire ?

Reporters sans frontières exprime son soulagement suite à la décision des autorités tunisiennes de lever, le 2 août 2009, le contrôle administratif qui pèse sur le journaliste Abdallah Zouari depuis 2002. Cette décision, prématurément annoncée le 31 juillet dernier par certaines sources, est intervenue trois jours seulement avant le terme officiel de sa peine, fixé au 5 août. Elle met fin à sept années de résidence surveillée et à dix-huit années d’acharnement judiciaire et policier à l’encontre de cet ancien journaliste. « Cette décision est un pas important pour Abdallah Zouari, qui a fait l’objet d’un véritable acharnement judiciaire, ininterrompu depuis 1991. Nous espérons qu’il pourra enfin se déplacer librement dans le pays, qu’il pourra choisir son lieu de résidence et reprendre ses activités jounalistiques, sans entrave ni contrôle de la part des autorités. Mais les rebondissements observés dans le passé nous ont appris à nous méfier. L’organisation reste par conséquent très attentive à ce que la liberté d’Abdallah Zouari soit réelle, et qu’elle ne soit pas que des paroles en l’air », a déclaré l’organisation. Le 12 avril 1991, Abdallah Zouari, ancien collaborateur de l’hebdomadaire Al Fajr, organe du parti islamiste Ennahad, a été condamné à onze ans de prison pour “appartenance à une organisation illégale“, à l’issue d’un procès intenté contre les dirigeants du parti, interdit en Tunisie depuis. A sa libération, le 6 juin 2002, les autorités tunisiennes ont décidé d’imposer au journaliste un contrôle administratif pour une durée de cinq ans. A compter de cette date, alors même que le journaliste avait purgé sa peine de prison, le système répressif tunisien n’a eu de cesse de s’acharner contre lui, multipliant les incarcérations, les menaces et les intimidations à son encontre et à l’égard de membres de sa famille. Depuis, plusieurs agents de la police le suivent dans tous ses déplacements et surveillent son domicile de Zarzis (400km au sud-est de Tunis), où il a été contraint à l’exil en 2004. Ainsi, le 4 septembre 2002, Abdallah Zouari a été condamné à huit mois de prison à l’issue d’un procès auquel ni ses amis ni sa famille n’ont pu assister. Le 18 juillet 2003, le tribunal de Zarzis l’a condamné à quatre mois de prison ferme pour “diffamation“ dans un procès monté de toutes pièces. Le 29 août de la même année, ce même tribunal l’a condamné à neuf mois de prison ferme pour “refus d’obtempérer à une décision de contrôle administratif“. En octobre 2003, il est à nouveau condamné à 13 mois de prison pour “non-respect de la surveillance administrative“. Toutes ces peines sont cumulatives. Par ailleurs, sa famille a été interdite à plusieurs reprises de lui rendre visite à Zarzis. Pour dénoncer cette machine répressive, Abdallah Zouari a entamé plusieurs grèves de la faim. Alors que son contrôle administratif devait officiellement prendre fin en juin 2007, les autorités tunisiennes l’ont informé oralement de la prolongation de cette surveillance pour une durée de vingt-six mois. Le terme de ce calvaire était fixé au 5 août 2009. Mais dès le 2 août, les autorités ont officiellement annoncé la levée du contrôle. « Depuis le 2 août, les policiers ont disparu des alentours de mon domicile, a déclaré Abdallah Zouari à Reporters sans frontières. Aucune autorité ne m’a contacté pour me confirmer la levée de la résidence surveillée. Le 31 juillet, j’ai essayé, en vain, de contacter le ministre de la Justice et celui de l’Intérieur pour avoir des explications au sujet de l’annonce faite dans certains médias. Depuis le 2 août, je peux circuler dans le sud du pays, sans surveillance. Je suis heureux de pouvoir enfin me reposer auprès de ma famille à Zarzis. J’espère pouvoir me déplacer dans tout le pays, notamment à Tunis, où je compte me rendre dès le 8 août. J’espère que je pourrai y aller sans me faire une nouvelle fois arrêter ».
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Updated on 20.01.2016