5 000e jour de détention pour un journaliste
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Entre 1981 et aujourd'hui, Taghi Rahmani, condamné à plusieurs reprises pour ses activités journalistiques, a passé un total de 5 000 jours en prison. Avec 10 journalistes derrière les barreaux, l'Iran reste la plus grande prison du Moyen-Orient pour les journalistes.
Reporters sans frontières condamne fermement l'acharnement des autorités iraniennes envers les journalistes. « L'Iran est l'un des dix pays les plus répressifs au monde en matière de liberté de la presse. Sous l'ordre direct de l'ayatollah Khamenei, le Guide suprême, les conservateurs au pouvoir ont instrumentalisé les institutions judiciaires pour pouvoir museler les médias. Taghi Rahmani est incarcéré depuis 19 mois sans aucune accusation. Nous demandons aux autorités iraniennes sa libération immédiate et sans conditions. »
Taghi Rahmani a travaillé pour plusieurs rédactions et la plupart de ses collaborations se sont soldées par des arrestations. Pendant les vagues de répression de 1981, le régime a arrêté plusieurs intellectuels dont M. Rahmani qui collaborait avec le journal clandestin Pishtazan. Il a passé trois ans en prison. En 1986, il a été de nouveau arrêté et condamné à onze ans de prison pour sa collaboration avec le journal Movahed, propriété d'un groupe d'intellectuels religieux démocrates qui prônent la séparation entre l'Etat et l'islam.
A sa sortie de prison, il a collaboré avec le mensuel Iran-e-Farda et l'hebdomadaire Omid Zanjan. En février 2000, il a été arrêté, avec d'autres journalistes dont Reza Alijani et Hoda Saber, à la suite d'une rafle au domicile d'un intellectuel iranien. Après avoir payé une forte caution, il a bénéficié d'une liberté provisoire en mars 2001. Son procès s'est déroulé à huis clos en mai 2003. Il a alors été condamné à onze ans de prison et dix ans de privation de ses droits civiques dans le cadre de ses activités professionnelles. Après avoir payé une seconde caution, il a bénéficié d'une nouvelle liberté provisoire, en attendant le déroulement du procès en appel, comme le prévoit la loi.
Le 14 juin 2003, Rahmani, Alijani et Saber ont été arrêtés de nouveau, sans motif, sur ordre du procureur de Téhéran, Saïd Mortazavi. Depuis, une grande opacité continue de caractériser cette affaire. Le
15 octobre, Golamhossein Elham, porte-parole du pouvoir judiciaire, a confirmé que les trois journalistes purgeaient leur peine de prison. Mais il n'a pas précisé les motifs de leur incarcération, ni la date et le lieu de leur procès. Le 1er mai 2004, les trois journalistes ont appris que leur procès en appel aurait eu lieu mais leurs avocats n'ont reçu aucune information à ce sujet.
A ce jour, aucun document témoignant de la tenue du procès n'a été remis aux avocats et aucun motif officiel ne justifie la détention des trois hommes. Le 27 janvier 2005, Me Ryahi, l'un des avocats, a souligné que Reza Alijani et Hoda Saber pourraient prochainement quitter la prison sous certaines conditions vu qu'ils avaient déjà purgé la moitié de leur peine, comme l'indique la loi iranienne. Mais cette mesure ne s'applique pas encore à Taghi Rahmani.
Publié le
Updated on
20.01.2016