48 millions d’électeurs privés d’information pour les élections législatives du 2 mars ; 48 professionnels des médias privés de leur liberté
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A la veille des élections législatives du 9e parlement de la République islamique d’Iran, Reporters sans frontières déplore la censure imposée à l’ensemble des médias, qui se retrouvent dans l’incapacité de jouer leur rôle pour le scrutin, et l’implacable répression à l’encontre des journalistes.
Les 48 millions d’électeurs appelés aux urnes le 2 mars 2012 sont privés de l’information indépendante nécessaire à la définition de leur choix électoral. La répression à l’encontre des journalistes et des net-citoyens s’est intensifiée. Aucun média indépendant n’est épargné par le harcèlement politico-judiciaire organisé par les différents clans du pouvoir depuis la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence en juin 2009.
48 journalistes et net-citoyens sont actuellement en détention, faisant de l’Iran la troisième prison du monde pour les professionnels des médias.
“Les médias gouvernementaux organisent librement la propagande du régime pour une élection « entre amis ». Le gouvernement censure tout azimut la presse, encadre le travail des médias, même proches du pouvoir. La consigne est claire : seuls sont publiés les sujets qui peuvent encourager les gens de participer aux élections, a déclaré Reporters sans frontières. Les médias ont reçu, au début de la campagne, des directives leur enjoignant de ne pas mentionner ou traiter plusieurs sujets, notamment les appels au boycott lancés par plusieurs courants politiques, et les obligeant à évoquer ‘la grande victoire du peuple iranien’. Ces derniers jours, les autorités judiciaires n’hésitent pas à appeler au téléphone les directeurs de journaux pour exiger leur silence sur certains sujets et dicter leur Une”.
De nombreux cas de censure ont déjà entaché ces élections. L’hebdomadaire Hadiss Ghazvin a été poursuivi, le 27 févier 2012, pour “publication des fausses informations dans le but de jeter le trouble dans l’opinion publique”. Selon le procureur, “le journal, dans son dernier numéro, avait publié plusieurs images des prisons, de la pauvreté et d’exécution, etc., pour dresser un tableau sombre du pays et prévu un faible taux de participation aux élections”.
Par ailleurs, plusieurs envoyés spéciaux étrangers n’ont pas pu obtenir de visa pour couvrir le scrutin. Trois jours avant l’élection, les ambassades iraniennes ont retourné leurs passeports sans aucune explication.
La guerre des clans au sommet du pouvoir et les tensions entre la communauté internationale et Téhéran a placé cette élection sous le signe de la menace et de la peur. Plusieurs panneaux publicitaires (voir les images) installés dans les grandes villes montrent les citations suivantes : “Si vous ne participez pas aux élections, les occidentaux vont attaquer le pays” ou “Si le taux de participation ne dépasse pas les 50%, Les Etats-Unis vont attaquer l’Iran”, attribuées mensongèrement à des médias basés à l’étranger, interdits en Iran, comme le site Balatarin, Radio Farda (Free Europe). Ces messages ont également été diffusés en boucle sur les radios et les télévisons nationales ces dernières semaines.
“ L’emprisonnement des professionnels des médias, la suspension des journaux, le filtrage des sites d’information, le brouillage des chaînes diffusées par satellite en Iran et la répression des opinions critiques rendent impossible le déroulement normal du scrutin qui, au bout du compte, n’aura aucune valeur, a ajouté l’organisation. Sans liberté d’expression, les droits fondamentaux ne peuvent pas être assurés et protégés. Le droit de vote implique au préalable que les électeurs disposent du droit d’être informés librement, ce qui n’a pas cours en Iran. La République islamique doit mettre un terme à cette situation inacceptable.”
L’Iran figure au 175e rang des 179 pays recensés dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières sans frontières.
Publié le
Updated on
20.01.2016