30 000 euros d’amende pour un journaliste et 3 journaux : triste journée pour la liberté de la presse

Le dimanche 7 mars 2010, un tribunal koweïtien a condamné un journaliste, trois journaux et deux députés à des amendes pour des propos jugés offensants à l’égard de la famille régnante et du Premier ministre. « Ces condamnations sont pour le moins inquiétantes pour la liberté d’expression et la liberté de la presse au Koweït, d’autant que le Parlement koweïtien devrait être amené à se prononcer, dans les prochains jours, sur les amendements au code des publications proposés par le ministre de l’Information, Sheikh Ahmad Abdallah Al-Sabah. Amendements qui, si adoptés, muselleraient la presse koweïtienne. Tout ceci va à l’encontre de la volonté des autorités du Koweït d’incarner l’idéal de démocratie dans le Golfe », a déclaré Reporters sans frontières. Dans une première affaire, l’écrivain et journaliste Mohammed Abdel Qader Al-Jassem a été condamné à payer une amende de 3 000 dinars (environ 7 000 euros), suite à un article publié le 16 août 2009 dans Alam Al-Youm. Dans cet article, le journaliste estimait que les médias qui soutenaient le Premier ministre alimentaient la tension entre les communautés sunnites et chiites de l’émirat. Le Premier ministre avait alors déposé plainte. Refusant de payer une caution, Mohammed Abdel Qader Al-Jassem avait été placé en détention le 23 novembre 2009, avant d’être libéré douze jours plus tard, après avoir consenti à régler une caution de 1 000 dinars (environ 2 300 euros) (Cf. http://www.rsf.org/Une-plainte-du-Premier-ministre.html). Le journal Alam Al-Youm, dans lequel l’article avait été publié, a été condamné à une amende d’un même montant. Le Premier ministre n’en est pas à sa première plainte déposée à l’encontre du journaliste : le 4 mars 2010, le tribunal examinait en effet une autre plainte du Sheikh Nasser Mohammed Al-Ahmed Al-Sabah contre Mohammed Al-Jassem suite à des propos tenus par le journaliste au cours de réunions publiques au cours desquelles il avait demandé la démission du Premier ministre, estimant qu’il n’était pas capable de gérer les affaires du pays. Le 4 mars, le tribunal correctionnel a reporté ce procès. Le 7 mars, dans une autre affaire, le député Mohamed Hayef a été condamné à verser une amende de 3 000 dinars, suite aux déclarations qu’ils avaient faites avant les législatives de mai 2009, et dans lesquelles il avait critiqué ce qu’il avait qualifié de divisions au sein de la famille régnante. Le quotidien Al-Ruia, qui avait publié ces déclarations, a écopé d’une amende d’un montant similaire. Une troisième affaire dans cette triste journée : le tribunal criminel a condamné le député Marzouk Al-Ghanem et le journal koweitien An-Nahar à une amende de 3 000 dinars chacun, suite à la publication d’un article jugé diffamant à l’égard de la famille régnante.
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Updated on 20.01.2016