Abderrazak Bourguiba, 18 ans, a été condamné, le 16 avril 2004, à 25 mois de prison par la chambre criminelle pour mineurs du tribunal de première instance de Tunis. Le 6 avril, les huit autres membres du groupe des "internautes de Zarzis" avaient écopé de peines allant jusqu'à 26 ans d'emprisonnement. Ils sont accusés de terrorisme pour avoir téléchargé sur le Net des documents jugés subversifs.
Abderrazak Bourguiba, 18 ans, a été condamné, le 16 avril 2004, à 25 mois de prison par la chambre criminelle pour mineurs du tribunal de première instance de Tunis. Le 6 avril, les huit autres membres du groupe des "internautes de Zarzis" avaient écopé de peines allant jusqu'à 26 ans d'emprisonnement. Ils sont accusés de terrorisme pour avoir téléchargé sur le Net des documents jugés subversifs.
Les autorités tunisiennes ont déclaré que ce groupe "cherchait à établir des contacts avec le mouvement terroriste Al-Qaïda pour un soutien logistique", projetait un "attentat au lance-roquette contre la garde maritime du port de Zarzis" et "se préparait à l'attaque d'un lycée".
Said Ben Amor, un des avocats des jeunes de Zarzis, a déclaré à l'Agence France-Presse que la défense avait quitté l'audience du 16 avril pour protester contre "l'absence de preuves à charge" et le refus d'une expertise médicale sur l'état de santé de leur client. Abderrazak Bourguiba s'est en effet présenté au tribunal avec un tympan perforé et des symptômes de paralysie faciale, suite à des tortures subies en prison.
Reporters sans frontières réitère son appel à la libération des internautes de Zarzis, constatant qu'aucune preuve sérieuse n'a été produite pour étayer l'accusation à leur encontre. L'organisation rappelle que la simple consultation de sites Internet ne peut en aucun cas constituer un motif de condamnation.
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14 avril 2004
Huit internautes condamnés sans preuveAccusés de terrorisme, des jeunes de Zarzis (sud du pays) ont écopé de peines allant jusqu'à 26 ans de prison, au terme d'une parodie de procès
Huit internautes ont été condamnés, le 6 avril 2004, à des peines allant jusqu'à 26 ans de prison. Ils sont accusés d'avoir fomenté des attentats terroristes, mais aucune preuve n'a été fournie par l'accusation pour supporter cette thèse. L'acte d'accusation se base uniquement sur des documents téléchargés sur Internet.
Reporters sans frontières est profondément choquée par ce verdict inique. L'organisation demande aux juges de prononcer en appel la libération des internautes de Zarzis et réclame la libération immédiate de Abderrazak Bourguiba, qui doit être jugé prochainement par un tribunal pour mineurs. "Le procès de ces jeunes démontre que la justice tunisienne méprise outrageusement les droits de la défense. En effet, la simple consultation de sites Internet ne peut constituer la preuve d'un complot terroriste. Le régime tunisien cherche à terroriser les internautes et étouffer la dissidence. La communauté internationale, les Etats-Unis et l'Union européenne en tête, doit réaffirmer que la lutte contre le terrorisme ne justifie en aucun cas que les libertés individuelles soient bafouées et que la justice s'efface au profit de l'arbitraire", a déclaré Reporters sans frontières.
La troisième chambre criminelle du tribunal de Tunis, présidée par Adel Jeridi, a condamné, le 6 avril, Hamza Mahrouk (21 ans), Amor Farouk Chelandi (21 ans), Amor Rached (21 ans), Abdel-Ghaffar Guiza (21 ans), Aymen Mecharek (22 ans) et Ridha Hadj Brahim (38 ans), à 19 ans et trois mois de prison. Ayoub Sfaxi, résidant à l'étranger, a été condamné à la même peine. Tahar Guemir (19 ans), résidant également à l'étranger et considéré par l'accusation comme le chef du groupe, a été condamné à 26 ans de prison. Un dernier inculpé, Abderrazak Bourguiba (19 ans), qui n'avait que 17 ans au moment des faits. devrait être jugé prochainement par un tribunal pour mineurs.
Ils ont été condamnés pour "formation de bande pour terroriser les gens", "agression contre des individus dans l'intention de terroriser ", "tenue de réunions non autorisées", "vol et tentative de vol", "préparation de matière explosive" et détention de produits destinés à la fabrication d'engins explosifs sans autorisation".
Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, l'accusation n'a produit aucune preuve sérieuse à l'encontre des huit accusés. N'ont été portés au dossier que quelques documents téléchargés sur Internet par les jeunes de Zarzis, comme par exemple des informations sur le fusil Kalachnikov, ou des textes expliquant comment fabriquer une bombe. La police n'a saisi, lors des interpellations, qu'un tube de colle et quelques CD-Rom, qui sont les seules preuves permettant d'étayer l'accusation de "fabrication d'explosif".
Selon l'un des avocats de la défense, Najib Hosni, la procédure judiciaire a été entachée de nombreuses irrégularités. Par exemple, ayant été arrêtés à Zarzis, ils auraient dû être jugé dans cette ville et non à Tunis, comme cela a été le cas. L'avocat affirme également que ses clients ont été torturés. Or, la justice a refusé toute expertise médicale suite à la plainte déposée par cinq des inculpés.
En réalité, selon des sources concordantes, les jeunes de Zarzis auraient uniquement utilisé le web pour télécharger des documents liés à la crise au Proche-Orient. Ils auraient également discuté avec un de leurs professeurs, Ridha Hadj Brahim, de la façon d'agir pour soutenir la cause palestinienne.