18 mois de prison ferme requis contre les deux journalistes du Républicain: Reporters sans frontières “scandalisée”
Organisation :
Reporters sans frontières est scandalisée par les lourdes peines de prison requises contre Maman Abou et Oumarou Keita, directeur et rédacteur en chef de l'hebdomadaire privé Le Républicain.
Le parquet de Niamey a demandé un an de prison ferme pour “propagation de fausses nouvelles” et six mois de prison ferme pour “diffamation” assortis d'amendes de 20 000 francs CFA (30,5 euros) et de 50 000 francs CFA (76 euros), contre chacun des deux prévenus.
Le verdict sera rendu le 1er septembre. Les journalistes auront alors déjà passé près d'un mois en détention. Reporters sans frontières réitère son appel à leur libération immédiate.
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9.08.2006 - Report d'audience pour les deux journalistes du Républicain à la demande de leurs avocats
Mamane Abou et Oumarou Keita, directeur et rédacteur en chef de l'hebdomadaire Le Républicain, ont été entendus le 8 août 2006 par le procureur, au terme des 96 heures réglementaires de garde à vue à la police judicaire.
Inculpés de “publication de fausses nouvelles susceptibles de provoquer des troubles de l'ordre public” et de “diffamation contre l'Etat du Niger”, ils doivent comparaître le 14 août.
Leurs avocats, Me Moussa Coulibaly et Me Souley Oumarou, se sont opposés à leur jugement en “procédure de flagrant-délit” par le juge Maazou Adam, celui-ci ayant bénéficié, selon eux, d'une récente “nomination politique” de la part des autorités nigériennes.
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5.08.2006 - Deux journalistes placés en garde à vue à la veille du week-end : Reporters sans frontières dénonce un “procédé pervers”
Reporters sans frontières proteste énergiquement contre le procédé ayant conduit Mamane Abou, directeur de publication de l'hebdomadaire privé Le Républicain, et Oumarou Keita, l'un de ses journalistes, à être arrêtés et placés en garde à vue, suite à une plainte pour “publication de fausses nouvelles” et “diffamation” du gouvernement nigérien à l'encontre du journal.
“Faire arrêter les journalistes un vendredi pour être certain qu'ils passeront au moins le week-end en prison est une vieille ficelle, indigne d'une démocratie. Le gouvernement du Niger l'a utilisé une fois de plus contre Le Républicain, de manière à punir un journal qui le dérange”, a déclaré l'organisation.
“De plus, l'inéquité des lois prévoyant des peines de prison pour les délits de presse apparaît ici clairement. Face à la presse, le gouvernement dispose de la police, de la prison et des tribunaux pour règler ses comptes, tandis que les journalistes qui expriment une opinion ne peuvent que subir la loi des puissants. Mamane Abou et Oumarou Keita doivent être remis en liberté immédiatement, pour ne pas prolonger une injustice déclenchée par un procédé pervers”, a ajouté Reporters sans frontières.
Mamane Abou et Oumara Keita ont été arrêtés le 4 août à la mi-journée, placés en garde à vue et interrogés par un officier de police judiciaire, après le dépot d'une plainte de l'Etat du Niger contre un article du Républicain publié le 28 juillet. Celui-ci, intitulé “Hama lâche l'Occident pour l'Iran” accusait le Premier ministre Hama Amadou de “courtiser à fond les Iraniens”, risquant de provoquer une rupture avec les “chancelleries occidentales et de liquider toutes les entreprises appartenant aux Blancs”. Le procureur n'étant pas disponible avant le 7 août, les deux journalistes devront patienter au commissariat central de Niamey pendant au moins 72 heures avant de pouvoir être déférés. Ils sont détenus dans les locaux de la police judiciaires dans des conditions correctes et peuvent recevoir des visites.
Mamane Abou, interrogé par téléphone sur son lieu de détention par Reporters sans frontières le 5 août, estime pour sa part que leur arrestation vise à punir Le Républicain pour avoir publié, en avril 2006, une enquête sur des malversations et des détournements de fonds au sein de l'administration. Cette enquête aurait déclenché un audit des bailleurs de fonds du Niger.
Publié le
Updated on
20.01.2016