100e jour de détention pour Fahem Boukadous
Organisation :
Le journaliste Fahem Boukadous entame aujourd’hui son centième jour de détention dans la prison de Gafsa. En protestation contre ses conditions de détention, le journaliste a entamé une grève de la faim illimitée depuis le 8 octobre. Il refuse également de prendre ses médicaments contre l’asthme.
Hospitalisé à deux reprises le lundi 11 et le vendredi 15 octobre 2010, Fahem Boukadous a perdu au moins 5 kilos. Son état de santé est très préoccupant.
Reporters sans frontières rappelle que Fahem a été victime d'une grave crise d'asthme le 22 septembre 2010. Il avait été également hospitalisé le 4 octobre à la suite d'une seconde crise. Lors de ses dernières visites, l'épouse du journaliste, Afef Bennaceur, a pu constater à quel point l'état de santé physique et psychologique de son mari se dégradait rapidement (http://fr.rsf.org/tunisie-la-vie-de-fahem-boukadous-en-05-10-2010,38500.html).
L’organisation appelle à la libération immédiate de Fahem Boukadous. En agissant de la sorte, le gouvernement tunisien viole les Conventions de Genève sur le droit des prisonniers et le Pacte international des droits civils et politiques, auquel la Tunisie est partie.
Impliqué dans la défense du droit des travailleurs dans la région de Gafsa, Fahem Boukadous a été condamné le 15 juillet dernier à 4 ans de prison pour avoir filmé les manifestations du bassin minier de Gafsa au printemps 2008, pour le compte de la chaîne privée El Hiwar Ettounisi (http://fr.rsf.org/tunisie-quand-le-monde-tourne-a-l-envers-15-07-2010,37957.html).
Visée par des mesures de rétorsion administrative, l'épouse du journaliste est placée sous surveillance policière permanente. Le moindre de ses faits et gestes est contrôlé par la police politique. Dans la nuit du 18 au 19 août 2010, des inconnus ont tenté de pénétrer dans sa boutique, située dans la cité Sidi Ahmed Zarrouk, à 400 mètres d’un commissariat de Gafsa. Son échoppe avait fait l'objet d'une attaque similaire, en juillet 2008. Afef Bennaceur a porté plainte, sans succès (http://fr.rsf.org/tunisie-50e-jour-de-detention-pour-fahem-01-09-2010,38256.html). Le harcèlement administratif dont est victime l'épouse du journaliste doit cesser immédiatement.
L'organisation rappelle son opposition aux négociations actuellement en cours entre l’Union européenne et la République tunisienne en vue de garantir à la Tunisie un statut de partenaire avancé, en l'absence de l'abrogation de l'amendement de l’article 61 bis du code pénal tunisien. Cette disposition, adoptée en juin dernier par le Parlement tunisien, vise à criminaliser “des personnes qui établissent, de manière directe ou indirecte, des contacts avec des agents d'un Etat étranger, d'une institution ou d'une organisation étrangère dans le but de les inciter à porter atteinte aux intérêts vitaux de la Tunisie et à sa sécurité économique”. Les personnes incriminées pourront être condamnées à des peines allant de cinq à douze ans de prison ferme. L'adoption de cet amendement pourrait permettre de poursuivre et d'emprisonner des défenseurs des droits de l'homme soutenus par des organisations étrangères et multilatérales. “Tant que que le code pénal servira au pouvoir tunisien à punir toute opinion contraire, l'Union européenne ne saurait accorder à la Tunisie un statut avancé”, avait déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières, le 17 juin dernier.
(http://fr.rsf.org/tunisie-adoption-d-un-amendement-visant-a-17-06-2010,37759.html).
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Updated on
20.01.2016